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Terry Gilliam pour L’Imaginarium du Dr Parnassus

En ouvrant en 2005 mon blog consacré notamment au cinéma, je ne pensais vraiment pas qu’il me permettrait de rencontrer des personnes dont j’admire le travail, telles que Terry Gilliam.

Pourtant, jeudi dernier j’ai eu cet immense privilège grâce à Allociné. Ainsi, j’ai été conviée à une avant-première de L’IMAGINARIUM DU Dr PARNASSUS suivie d’une Master Class avec le réalisateur.

Vu sa filmo, vous imaginez bien l’état de fébrilité dans lequel je me trouvais. Hormis JABBERWOCKY et TIDELAND, j’ai vu l’ensemble de son œuvre et je me réjouissais de voir L’IMAGINARIUM DU Dr PARNASSUS. Surtout en sachant qu’il s’agit de sa seconde œuvre originale depuis l’excellent BRAZIL datant de 1985. La critique du film sera mise en ligne prochainement. Attardons-nous sur cette fabuleuse rencontre.

Rencontre avec une Légende

Peu après le générique de fin, Terry Gilliam fit son entrée dans la salle. Une traductrice était également présente, ce qui m’a plutôt arrangé car même si j’ai une bonne compréhension de l’anglais (grâce à tous ces films et séries que je mate en v.o), je reste une brêle lorsqu’il s’agit de formuler des phrases grammaticalement correctes. Durant plus d’une heure, le talentueux réalisateur prit le temps de répondre à nos questions, ponctuant souvent ses réponses d’éclats de rire. Personnage fantasque à l’image de ses films, il n’en demeure pas moins quelqu’un d’attachant et j’ai pris beaucoup de plaisir à l’entendre parler de ce qui l’anime. On a ouvert le feu en lui demandant quelles étaient ses sources d’inspiration :

“Walt Disney, Fellini, Bergman, Bunuel, Kubrick, Stanley Donen, Mélies… 68 ans de vie… J’absorbe beaucoup… Je pense que les vrais contes de fées sont les écrits qui m’ont le plus inspiré. Certains sont très ancrés dans le réel, sombres, magnifiques. Quand j’étais enfant, j’en ai lu beaucoup. Après avoir fini TIDELAND, j’ai relu ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES. C’est un livre terrifiant. Et puis, j’ai appris que Tim Burton allait en faire un film. C’est injuste !”.

Le choix des acteurs

Puis s’enchaînèrent des questions à propos de L’IMAGINARIUM DU Dr PARNASSUS, notamment concernant le choix du casting suite au décès de son acteur principal Heath Legder.

“Johnny Depp s’est montré immédiatement disponible… Ensuite, quand on a décidé qu’il fallait trois acteurs, j’ai passé quelques coups de fils à des amis de Heath Ledger… Colin et Jude étaient des amis proches et ils étaient capables d’organiser leurs emplois du temps respectifs pour venir tourner.? Il a juste fallu ensuite choisir l’ordre dans lequel les faire passer… L’histoire est rigoureusement la même. On n’a rien changé du tout, pas même les dialogues, sauf peut-être quelques petits détails. Quand le personnage de Tony, alors interprété par Jude Law, raconte l’histoire de l’argent volé aux Russes, cette scène-là aurait dû se dérouler dans le monde réel. Heath Ledger n’étant plus là, on l’a faite de l’autre côté du miroir. On a également retouché le magazine où on voit la photo de Colin Farrell, c’est normalement Heath qui aurait dû y apparaitre…”.

Terry Gilliam aime ses acteurs et dès qu’on lui pose une question sur l’un d’entre eux, il devient dithyrambique :

“Je voulais quelqu’un au physique particulier pour le personnage de la fille de Parnassus. Lily Cole est très jolie, elle a un visage comme une poupée en porcelaine et un corps de mannequin. Quand on s’est rencontré, elle n’avait presque aucune expérience. C’était potentiellement mon plus gros risque dans ce film mais elle était entourée d’excellents acteurs. Elle est finalement très bonne dans le film. J’ai beaucoup aimé lui donner une opportunité d’apprendre. Ça m’a rappelé BANDITS BANDITS. Tout le casting est très bon. Andrew Garfield mérite une grande carrière. Et personne n’avait jamais donné à Verne Troyer de rôle dramatique. Jusque-là, il jouait surtout des mini-moi”.

D’ailleurs le nom de Johnny Depp résonna à maintes reprises dans la salle de projection ce qui poussa un des spectateurs a demander au réalisateur si Vanessa Paradis n’était pas jalouse de cette relation envahissante.

“Vanessa ne me laisse plus rentrer dans leur maison. Johnny a toutes les qualités que j’aime. Il est rapide, intelligent, drôle, il a des qualités uniques. Il devrait faire des films plus importants comme les miens plutôt que des films de pirates. Mais comment résister à l’argent qu’Hollywood lui propose ?”.

Des tas de projets

Entre projets avortés (WATCHMEN) et ceux en attente (L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE), il trouve néanmoins toujours la force de continuer.

“Chaque film est un compromis, entre l’idée énorme de départ et le budget. Mais je pense que j’ai le plus beau métier du monde… L’idéal, c’est de s’entourer de gens encore plus forts que vous pour vous relever quand il faut. C’est un travail de groupe et j’aime ça. Ça me rappelle les Monty Pythons… Et pour ce qui est de GOOD OMENS, j’ai bien peur que ça soit encore un film avec Johnny Depp. On verra mais il ferait un excellent Satan. Malheureusement, je pense que Johnny va faire des films à gros budgets à Hollywood pendant encore quelques années… L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE. Le rêve serait de tourner au printemps, même si la réalité pourrait être différente. Le casting ne sera cependant pas le même : pas de Johnny Depp, il fait trop de films de pirates. J’ai trouvé qui sera Don Quichotte. Ce ne sera plus Jean Rochefort mais je ne peux pas vous dire qui il sera pour le moment. On a encore du chemin à faire.”.

On apprendra que TIDELAND est le film qu’il a préféré tourner et que l’adaptation de WATCHMEN par Zach Snyder manquait de rythme. Ce genre d’échange est également l’occasion de nous éclairer sur certains éléments du film qui pourraient nous paraître obscur. Je pense notamment à cette flûte dorée gravée d’étranges inscriptions à laquelle tenait particulièrement Tony dans L’IMAGINARIUM DU Dr PARNASSUS.

“La flute est utilisée au 19e siècle pendant les pendaisons. A cette époque, on ne brisait pas les cous. Alors avec une pipe dans la gorge, le pendu perdait juste conscience au lieu de mourir et pouvait donc s’en sortir. Ce n’est donc pas un objet magique, c’est très pragmatique.”

Pour ma part, j’avais préparé pas mal de questions mais les réponses qu’il donnait au fur et à mesure aux autres participants rendaient mes questions totalement obsolètes. Fort heureusement vers la fin de la session, j’ai pu poser la dernière que j’avais en magasin concernant la sortie du dernier film d’Albert Dupontel avec lequel il avait tourné dans Enfermés dehors :

“Albert Dupontel… Le Vilain, je l’ai vu oui. C’est vraiment très bien. Il mérite mon soutien. J’aime beaucoup Dupontel, il met tellement d’intelligence et de motivation dans ses films. Le film est très doux et vraiment bien. Allez le voir, il ne sort pas en même temps que le mien.”.

La Master Class s’acheva et je savoure depuis ce moment inoubliable. Merci à Al Amine d’Allociné et Metropolitan pour ce moment. Merci également à Eddy Brière pour m’avoir fourni les photos qui illustrent cet article. Elles sont issues d’une séance organisée pour le magazine Brazil que je vous invite à vous procurer sans attendre.

Crédits Photos – © Shunrize.com

1 comment

  1. Raaah suis jaloux, j’ai manqué çà alors que Brazil est vraiment mon film préféré… Raaahhhhhh 👿

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