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Cinéma | Ne nous jugez pas – Critique

Connu sous de nombreux titres : Somos lo que hay, Nous sommes ce que nous sommes, We are what we are et enfin Ne nous jugez pas, le premier long-métrage de Jorge Michel Grau concourt dans la catégorie du Meilleur Long-métrage pour ce Festival du film fantastique de Gérardmer.

Présenté en mai dernier dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, Ne nous jugez pas a créé son petit buzz sur la Croisette grâce au pitch qui le présentait “Une histoire de cannibales mexicains”. Cependant, ceux qui s’attendaient à un film dans la veine de Massacre à la tronçonneuse ou d’un Cannibale Holocaust se sont retrouvés fort désappointés car on est ici aux antipodes de cela. Réalisé grâce au soutien financier de son école de cinéma, le métrage du réalisateur mexicain est plus proche de la chronique sociale que d’un film ultra-gore. Ici, le cannibalisme n’est qu’une métaphore de la méchanceté et de la douleur que les humains peuvent infliger à autrui. Il dénonce les problèmes sociaux vécus au Mexique et la façon dont une société peut exploiter ses membres les plus faibles.

Appâtée par le synopsis, j’avoue avoir été quelque peu déçue par ce que le cinéaste m’a finalement proposé. Un manque d’engouement surtout justifié par une impression de rester sur ma faim quant aux explications de certains sujets abordés tels que l’adhésion à une cérémonie dont les mystérieuses racines historiques ne sont jamais révélées. En évoquant les dysfonctionnements au sein de cette famille atypique à savoir les tensions sexuelles entre le trio Julian-Alfredo-Sabina et les sentiments tordus de la mère envers les prostituées mais aussi cette chasse chronométrée compromise par une enquête policière, Jorge Michel Grau perd un peu le spectateur. De plus, en dehors de Paulina Gaitan dans le rôle de la sœur Sabina qui confirme tout le bien que je pensais déjà d’elle dans Sin Nombre de Cary Joji Fukunaga, j’ai trouvé le reste du casting un peu en dessous de tout ce qui rendait les scènes parfois ridicules.

Seules deux scènes se dégagent de tout ce marasme. La scène d’ouverture où l’on voit le patriarche cracher de la bile noire, tomber raide mort au sol et ramassé par des mains anonymes qui effacent toute trace de l’incident, comme si il s’agissait d’ordures à nettoyer. Une sorte de témoignage sur l’invisibilité d’une sous-classe mexicaine qui accuserait les autorités du pays de fermer les yeux sur la criminalité, la corruption policière et les inégalités sociales. Mais aussi la fameuse scène burlesque dans la cuisine vers la fin du film où la mère assomme un homme d’un mémorable coup de pelle… Pas de quoi en faire un ramdam !

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