A l’occasion de la sortie de son nouveau film hollywoodien, PIRANHA 3D, j’ai eu l’opportunité en compagnie d’autres blogueurs de m’entretenir avec Alexandre Aja.
Faute de pouvoir envisager de véritables perspectives d’avenir au sein de l’Hexagone, nombreux de nos talents se sont exilés aux States. Après avoir longtemps travaillé aux côtés de son père Alexandre Arcady et le succès rencontré par HAUTE TENSION, Alexandre Aja a rejoint les rangs des expatriés pour y réaliser l’excellent remake de LA COLLINE A DES YEUX et le moins bon MIRRORS.
Sa vision du cinéma de genre en France, ses projets notamment celui concernant l’adaptation du manga Cobra mais aussi des anecdotes sur le tournage de PIRANHA 3D ont été évoqués.
Comment se passe la production de cinéma de genre aux États-Unis par rapport à la France ?
C’est très différent. Il y a une demande qui est sans comparaison en Amérique par rapport à la France. Même s’il y a un genre émergeant en France depuis HAUTE TENSION, cela reste ultra limité et extrêmement difficile de faire des films d’horreur en France. C’est extrêmement difficile de trouver aussi un public. Les deux sont liés : les films de genre français ne peuvent se faire que dans un certain budget, en dessous de 2 ou 3 millions d’euros. Ce qui fait que les gens savent très bien ce qu’ils peuvent attendre d’un film de genre français : un côté très glauque, très dur. Dès lors, le public est un petit peu timide pour aller le soutenir en masse. Et, on se retrouve toujours à faire 100 000, 200 000 entrées, jamais plus. Dés qu’un film de genre américain arrive, cela prend une autre dimension. Là, on se rend compte qu’il y a quasiment 1 million de personnes qui sont prêt à voir des films de genre en France. En Amérique, c’est très différent. Il y a une vraie demande. C’est culturel et en tant que réalisateur de films d’horreurs, c’est un vrai magasin de bonbons. On me donne du budget, des jouets, des acteurs fabuleux et on me dit “vas-y amuses-toi, fais un film qui fait peur, ou qui fait rire…”
Cela ne vous donne pas envie de revenir en France pour partager votre expérience ?
Ils ont de l’expérience et savent faire des films. Encore une fois, il y a une production qui est frileuse. Elle n’arrive pas à comprendre le modèle espagnol où on fait chaque année de très bons films de genre, primés, aboutis, respectés, bien joués, pas du tout les parents pauvres du cinéma et qui sont économiquement viables. En France aussi on fait des films qui pourraient marcher. Cependant, il faudrait qu’ils aient accès à plus de budget, plus de techniques, aux effets spéciaux. On peut faire des films avec une petite enveloppe. Néanmoins, il y a un moment où il y a une limite. On peut faire L’ORPHELINAT, le film espagnol, mais il faut plutôt 15 millions d’euros que 2 ou 3. L’Espagne a compris quelque chose. En France, il n’y a toujours pas ce petit déclic qui fait de grands studios comme Europa, Pathé, Gaumont… Enfin si, Gaumont vient de le faire avec SPLICE qui est une production française. C’est possible mais ce n’est pas encore généralisé. Je ne me considère pas comme un grand frère, venir et donner des leçons. Il faut que les producteurs se réveillent et qu’ils donnent leur chance à ces réalisateurs pour qu’ils aillent plus loin. Sinon on restera dans du périphérique, gore, glauque, dérangeant mais qui ne tire pas profit du genre dans son ensemble.
La qualité des effets spéciaux du film est assez fascinante. Comment s’est passé votre collaboration avec KNB qui les a conçu, notamment sur la scène du massacre où l’on voit une fille dont le corps craque ?
J’ai la chance de travailler avec Greg Nicotero, le “N” de la société KNB, depuis six ou sept ans maintenant, depuis LA COLLINE A DES YEUX. Et c’est vrai que j’ai eu une vraie rencontre avec lui, j’ai vraiment le sentiment d’être sur la même longueur d’ondes en permanence, d’avoir les mêmes idées. Moi, j’écris sur le papier des choses comme on sort une fille de l’eau et son corps s’arrache parce qu’elle a déjà été bouffée par les piranhas à la hauteur de l’estomac. Et en parlant avec lui, on trouve un système, on trouve comment on va faire ça. Par exemple, on imagine qu’elle portera un t-shirt pour que l’on voit moins la jonction avec le maquillage. Nicotero connaît bien les effets spéciaux donc il trouve un mélange entre le réel et les fx. Ici, les jambes sont fausses, le torse de la fille est vrai mais elle a ses vraies jambes dans l’eau, avec un pyjama vert que l’on a effacé. Quand on va du full CGI et qu’il n’y a que du numérique, on voit la limitation. C’est définitivement le film le plus ambitieux de KNB. Là, on mélange les techniques, on arrive donc à quelque chose. Aussi, dans mon budget, j’en prévois toujours une partie pour nettoyer le maquillage, pour qu’on ait pas l’impression de voir quelque chose de faux, que ça soit transparent.
Justement sur cette scène. On dirait qu’il manque quelques plans. Est-ce qu’il y a eu de la censure de votre part ? Y aura-t-il une version director’s cut ?
Il y aura bien une version director’s cut. Cela n’était pas de la censure de ma part, cela vient de Bob et Harvey Westein. Ils ont eu l’impression que je me laissais un petit peu aller dans ce massacre, que je m’adressais à des gens un peu trop comme moi qui allaient adorer ça. Ils pensaient que ça allait refroidir le public. Cela a été un bras de fer assez long. Cela dit, on ne pouvait pas tout se permettre. On n’a pas le budget d’AVATAR. Il y a donc des choses qui étaient sur le papier et qui ne sont pas dans le film. Il y en a beaucoup qui seront dans le Director’s cut, notamment un plan en plus pour cette scène en particulier. Cela dit, le massacre dans son ensemble est assez proche de ce que je voulait au départ. Pour l’instant pour le Director’s cut, on en est à 6 ou 7 minutes de plus.
Comment envisagez-vous votre carrière ? Vous faites les projets actuels pour faire ensuite un gros film ou vous vous inscrivez dans la durée ?
Il y a des projets qui me sont extrêmement chers parce qu’ils font parti de ma nostalgie. Par exemple, j’ai grandi avec COBRA, j’ai toujours rêver de COBRA mais je ne suis jamais permis de penser qu’il était possible d’en faire un film. Et puis, j’ai rencontré quelqu’un qui tentait d’acquérir les droits. Je l’ai aidé et on a maintenant les droits pour le faire. Après, combien de temps cela va me prendre pour en faire une réalité, je ne sais pas. C’est un film très ambitieux, très cher, c’est LA GUERRE DES ETOILES. Il faut faire quelque chose à la hauteur de ce qui nous a fait rêver quand on était môme. C’est très spécifique aussi parce qu’aux États-Unis, ils ne connaissent pas COBRA, la série ne leur est jamais parvenue alors que c’est un des mangas les plus connus et cultes au Japon. Ça a été un phénomène par le dessin animé en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne qui nous a marqué, une génération complètement passionnée par COBRA. Pour le faire, il faut réussir à en garder l’essence : l’aventure à travers l’espace. C’est PIRATES DES CARAÏBES dans l’espace donc c’est forcément du très gros budget. Je ne sais pas encore combien de temps il me faudra pour en trouver le financement.
Sachant que COBRA n’est pas connu aux États-Unis, êtes vous tenté par une histoire sur l’origine du personnage à la BATMAN BEGINS pour présenter le personnage ou voulez-vous démarrer directement sur une aventure ?
Ce qui intéressant, c’est de ne pas parler de l’origine de COBRA dans un premier film. C’est plus intéressant d’utiliser le personnage d’une des sœurs, Jane, pour en parler, d’évoquer le père, le Capitaine Nelson et les cartes aux trésors tatouées sur leur dos. C’est plus intéressant de commencer par eux et de parler de COBRA par la suite.
Revenons au casting de PIRANHA 3D : Elisabeth Shue, Richard Dreyfuss… Comment est venu ce choix fabuleux ?
On était à l’écriture du script. J’ai commencé à faire beaucoup de références au cinéma des années 80. Ça a commencé avec Élisabeth Shue, on a évoqué Richard Dreyfuss aussi. On a donc essayé d’avoir les acteurs auxquels on pensait et on a eu quasiment tout le monde. ÇC a été magique parce que je ne voulais pas que des acteurs de talent, je voulais des acteurs qui amènent un morceau de notre culture. Je n’avais pas le temps d’établir les personnages alors je comptais sur ça : on connaît tous Élisabeth Shue. Quand Christopher Lloyd débarque dans le magasin de poissons tropicaux, on sait déjà à qui on a affaire. Tout le monde et même les actrices de films porno qui sont dans le film, amène une culture et pas seulement celle des années 80. Ils participent au coté popcorn du film.
Ça fait quoi en tant que réalisateur de diriger quelqu’un dont vous étiez fan étant enfant ?
C’est génial ! C’est fabuleux de voir des gens que tu as l’impression de connaître parce que tu as pratiquement grandi avec eu. Même Jerry O’Connell, STAND BY ME ça a été mon film culte pendant toute mon enfance. Bon, même s’il est grand, mince et super musclé et qu’il est loin du petit gros qu’il était dans STAND BY ME, il reste quelqu’un que j’ai l’impression d’avoir connu depuis toujours. Pour être vraiment honnête, j’ai été très impressionné par Christopher Lloyd. Même s’il est venu qu’une journée, c’était magique. On avait Doc Brown sur le plateau. Et, je dois dire Dreyfuss aussi, mais plus parce qu’il a accepté de jouer Matt Hooper, le personnage des “Dents de la Mer”. Il y a un plan sur son bateau où il ouvre une bouteille de bière et la caméra remonte sur son visage. J’étais là et pendant quelques secondes je me suis dit “putain on est dans LES DENTS DE LA MER“. J’espère que cette petite idée de prendre un personnage d’un film pour le mettre dans un autre va inspirer des réalisateurs parce que c’est une manière vraiment sympathique de faire des caméos. Cela participe un peu à l’idée d’imaginer que les personnages vivent entre les films dans une dimension parallèle.
Élisabeth Shue et Christopher Lloyd dans RETOUR VERS LE FUTUR
Comment vous est venu le fameux plan “de la bite” ? Comment est-ce passé à la censure ?
C’est bien passé, c’est surprenant, mais cela a été du travail. Quand ils ont vu le film, le plan n’y était pas encore, tout était en images de synthèse inachevées. Et finalement, on les a impliqués dans le processus, en leur envoyant des clips des différentes étapes de la scène. Et c’est passé. Pour moi, le personnage de Jerry O’Connell est le vrai méchant du film qui essaie de se faire dévêtir n’importe quelle fille. Donc il fallait que sa mort soit liée à ce qu’il est. L’acteur s’est éclaté, il a fait une performance.
Êtes-vous impliqué dans la suite annoncée ?
J’ai proposé plusieurs histoires, on verra bien.
On dit souvent que les réalisateurs redoutent l’eau, les enfants…
Le désert l’été aussi, les figurants par milliers, les effets de maquillage sous le soleil et la 3D aussi… A l’écriture, j’aurai dû faire attention à ce que je mettais sur le papier. Mais j’avais envie de voir ce film là. C’était de loin le plus difficile à tourner, en 42 jours quasiment le temps que j’ai eu pour tourner LA COLLINE A DES YEUX. Mais malgré tout, cela reste un tournage mémorable. Bien entendu, ce n’était pas désagréable de voir des centaines de jolies filles en bikini tous les jours. Les conditions très dures font que des liens très forts se créent au sein de l’équipe. On est tous dans le même bateau mais on a fini le film dans les temps et avec le budget.
Un tournage épique sur le Colorado river
Quel a été l’élément le plus dur ?
C’est pas le plus dur mais c’est le plus pesant. C’est ce qui a déjà été évoqué dans tous les documentaires sur LES DENTS DE LA MER ou WATERWORLD et sur tous les films sur l’eau, même sur un lac, le Colorado river, il y a un courant. Lorsqu’on positionne une caméra, tout bouge. Peu importe les ancrages, les cordages. On perd beaucoup de temps pour ré-ancrer les bateaux, repositionner les caméras mais il n’y a rien à faire.
Le projet a été pensé en 3D mais tourné en 2D, est-ce pour des raisons techniques ?
On a commencé à préparer le film avec la vraie 3D. On a été confronté à deux problèmes qui auraient pu être surmontés si on avait eu le budget d’”Avatar” : d’abord la chaleur, parce qu’on a tourné en été. La vraie 3D est uniquement électronique : caméra HD, stockage sur disque dur, câblage, etc. Pour en avoir fait l’expérience sur LA COLLINE A DES YEUX passé 45°, le matériel électronique fond. C’est donc un vrai problème, même avec des housses, des ventilateurs. Ensuite, en vrai 3D, il faut exactement la même lumière sur les deux caméras sinon ça ne fonctionne pas. Or, la réflexion du soleil sur l’eau crée une lumière différente. Il aurait fallu corriger en post production mais ça coute énormément d’argent et on ne pouvait pas se le permettre. A moment donné, on nous a parlé d’un système qui était alors novateur : la conversion, il y a deux ou trois ans. J’ai vu deux trois séquences de TITANIC et de STAR WARS convaincantes mais surtout 20 minutes de KING KONG converties et c’était époustouflant. Ce que l’on ne m’avait pas dit à l’époque c’est que ces 20 minutes avaient mis 1 an être converties. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi laborieux, aussi long. Ce qu’il a de formidable avec la conversion, c’est qu’on peut maitriser la 3D, ce qui n’est vraiment le cas des caméras. Mais ça demande une main d’œuvre gigantesque et beaucoup de travail. Quand Michael Bay évoque la 3D sur TRANSFORMERS 3 et dit qu’il faut 200 000 dollars par minute pour convertir un film, il est très haut dans son estimation mais il n’est pas loin de la réalité. La conversion de TRANSFORMERS 3 va être époustouflante. Je ne sais si le film sera époustouflant mais la conversion le sera. La 3D c’est difficile.
Alexandre Aja en tête à tête avec l’une de ses créatures
Est-ce que vous envisagé COBRA en 3D ?
Je l’envisage. Mais j’ai surtout envie que le film se fasse, et je ne sais pas quand. Peut-être dans deux, peut-être dans cinq ans. Le jour où ca se fera, on sera peut être dans une période toute en 3D, ce sera devenue une norme. Mais ce n’est pas forcément une obligation. Les studios essayent de pousser une révolution de format, un peu similaire à la couleur ou du son. Mais pourtant, ce n’est pas eux qui arriveront à le pousser. Mais si le sport réussi à s’imposer en 3D et les autres médias comme les jeux vidéos, cela risque de devenir une norme.
Quel est votre point de vue de spectateur ?
En tant que spectateur, je pense qu’on est encore entre les deux. La 3D se cherche encore, s’améliore de films en films. Parfois régresse. Ça dépend encore de qui est derrière, de comment c’est préparé etc… La 3D sans lunettes est en train de voir le jour, notamment sur téléphone. Si la 3D s’impose, dans dix ans il n’y aura plus ni de lunettes ni de problèmes de luminosité. Ça peut être qu’une expérience positive.
Quel est le dernier film en 3D qui vous ai plu ?
Ce n’est pas du tout un film de genre. J’étais de passage à Paris il y a quelques jours et j’ai vu SAMY, l’histoire de la petite tortue en 3D avec mon fils de 3 ans. J’ai aimé la perception d’un enfant de 3 ans face à la 3D. Il voit qu’il peut toucher, toutes les réactions sont multipliées, il y a un vrai effet que les films qui ne sont pas en 3D ne peuvent pas apporter.
Et sinon, avez-vous vu des films de genre français aussi récemment ?
Non, je n’ai pas vu de films de genre. Rien de rien. J’ai fini le film il y a dix jours et à part “Samy”, je n’ai rien vu. J’ai un retard de cinéma assez incroyable.
Y’a pas que le gore dans la vie, Y’a aussi L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE SAMY
Avez-vous un petit regret concernant la sortie du film prévue après les vacances ? Il aurait pu faire peur aux gens qui vont à la plage, comme LES DENTS DE LA MER en son temps ?
On devait sortir le 16 avril, la première date de sortie américaine, c’était le 16 avril pour le Spring Break et l’été derrière mais nous n’étions pas prêts. Dans le meilleur des cas, on aurait dû attendre le printemps prochain.
Quel est le regard sur le cinéma de genre français aux Etats-Unis marche-t-il mieux que dans l’hexagone ?
Ça s’est un peu calmé. Il n’y a plus vraiment de sortie cinéma même si certains sont sortis. Maintenant, c’est plus du DVD mais le DVD s’épuise. MARTYRS est le dernier qui s’est échangé. Et je ne crois pas que LA HORDE, que je n’ai pas encore vu, sois sorti en salles aux USA.
Il y a beaucoup de morts dans PIRANHAS 3D, des morts parfois jamais vues au cinéma. Vous vous êtes lâchés à l’écriture ?
Le plus amusant, dans l’écriture, c’est de trouver des morts originales, d’en trouver soixante-dix et de devoir en choisir une vingtaine. J’aurai pu faire les 70 mais il fallait coller au budget à la durée. J’ai donc gardé le meilleur, le plus intéressant. Mais la partie du processus la plus intéressante, c’est de trouver des idées parce que vous ne pouvez pas vous permettre de faire des mecs se faire dévorer dans l’eau. Il fallait des morts différentes, presque des mini courts métrages à chaque fois.
Comment s’est porté votre choix entre le fait de montrer des morts amusantes plutôt que du faire dans le premier degré ?
Quand j’ai reçu la première version du script, c’était un film de piranhas écrit comme AMERICAN PIE. J’avais trouvé ça drôle d’en faire une comédie plutôt qu’un film d’horreur. Quelques années plus tard, quand on a reparlé du projet, j’ai repris l’idée, j’y ai ajouté plus d’horreur mais je voulais rester dans l’humour noir. Je n’ai même pas essayé de faire quelque chose de terrifiant ? Ça peut être dérangeant mais si vous êtes fan de BAD TASTE ou de BRAINDEAD c’est drôle de A à Z.
L’un des nombreux cadavres du film
Comment vous est venu l’idée du ballet aquatique ?
L’idée est venue avec la 3D. La scène existait déjà mais il fallait la développer, qu’on ait envie de les toucher.
Quelle est l’implication de Gregory Levasseur sur ce film-là ?
On a travaillé le script ensemble mais il a beaucoup plus fait un travail de producteur sur la distance. C’est un projet très politique, beaucoup de tractations dont il a été l’artisan.
Comment se sont passées ses tractations ?
Avec le studio, les films se font toujours comme un combat. Les investissements sont importants, il y a beaucoup d’enjeux, même en France. Mais en France, l’auteur a une sorte de liberté artistique absolue, il a la plupart du temps le dernier mot. En Amérique, c’est le studio qui a le dernier mot. Il faut donc s’attendre à perdre. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas combattre. La plupart du temps, avec les bons arguments, on réussit à garder ce qu’on veut. Au bout du compte, ils veulent un film qui va plaire. Mais il faut convaincre. Jusqu’à maintenant j’ai réussi à pouvoir les revendiquer et à pas me dire que ce n’est pas mon film. Je reviendrai le jour où ça m’arrivera.
Le film a fait 10 millions d’entrées sur le premier weekend aux USA. Une suite est annoncée. C’était l’objectif, ces 10 millions ?
Non, et je pense qu’ils sont un peu déçus par cette ouverture mais il s’est passé quelque chose d’un peu particulier : Dimensions Films a vendu le film comme un film d’horreur, en ayant peur de la comédie. Ils ont un peu menti au public. Ils l’ont montré à la presse deux jours avant la sortie et ils se sont alors rendus compte que la presse lui réservait un accueil fantastique. La presse américaine adore le film, s’éclate, comprend le côté popcorn. Il y a donc une sorte de buzz qui s’est créé, il y a du changement. En Angleterre, le marketing vend une comédie d’horreur fun et le film est en haut du box office.
Jerry O’Donnell dans ses œuvres
Est ce qu’on pourra voir voir dans des genres de films un peu différent que l’horreur, comme Sam Raimi ou Peter Jackson qui s’en sont éloignés ?
COBRA ! Par exemple. J’adore le genre, j’y reviendrai, que ça soit en production ou en réalisation. Mais avant tout, ce sont les thématiques qui m’intéressent. J’ai eu des propositions sur des choses assez différentes même très différente mais je ne sais pas encore ce que je vais faire.
Il y a une rumeur concernant le remake de MANIAC…
Ce n’est plus une rumeur. Mais ce n’est pas moi qui vais réaliser. C’est un film que je vais produire avec Thomas Langmann qui en a les droits. Il ne le montre pas mais c’est un fan de films d’horreurs. On a rencontré William Lustig il y a quelques temps pour acquérir les droits. Gregory Levasseur, mon meilleur ami, va réaliser. Ce sera son premier film.
Quel est votre point de vu sur les remakes ?
Je pense en avoir fait qu’un seul : LA COLLINE A DES YEUX. PIRANHAS n’en est pas un. Et je pense que certains films sont intouchables, parfaits quand on les regarde. En gros, je pensais que LA COLLINE A DES YEUX méritait un remake mais pas LA DEUXIEME MAISON SUR LA GAUCHE Après, je sais qu’il y aura un remake de MANIAC. Je suis un fan absolu, comme beaucoup. Quitte à ce qui le remake se fasse, autant le faire entre nous : entre Greg et moi on est sûrs qu’on respectera l’essence pour reproduire les émotions de l’original.
Vous pensez qu’on peut encore faire un film comme MANIAC maintenant ?
Oui, surtout si ça vient d’Europe. MANIAC se passe à New York mais la ville a complétement changé depuis l’original. Avant, on ne pouvait pas sortir le soir maintenant c’est Disneyland. Il est temps de remettre un peu d’angoisse dans cette ville qui est devenue complétement aseptisée. Il y a un bon timing pour refaire un MANIAC. On évitera peut être juste le côté bien crado dégueulasse de Joe Spinell, on tendera plus vers le côté Anthony Perkins, le personnage aurait plus un côté charmeur que l’original vis à vis de ses victimes.
Joe Spinell dans MANIAC
En parlant d’acteurs, est ce qu’il y a des gens avec qui vous rêvez de tourner ?
Avant de mourir ? Oui, il y en a. Il y surtout des acteurs avec qui j’ai envie de tourner avant qu’eux ne meurent. J’aurai notamment voulu tourner avec Dennis Hopper, qui aurait pris le rôle de Richard Dreyfuss s’il avait refusé. J’aurai adoré pouvoir travailler avec Clint Eastwood ou Redford qui sont de véritables légendes.
A propos de l’affiche française de PIRANHA, très réussie, vous avez été consulté ?
L’affiche française est une évolution d’un concept que j’ai soumis à Dimension Films. J’ai eu de la chance jusqu’à maintenant, parce qu’il est difficile de convaincre le marketing américain notamment parce que je suis français. La France est plus réceptive pour collaborer. L’affiche anglaise aussi est magnifique mais je n’y suis pour rien. Elle reprend des éléments de PIRANHAS 2, de James Cameron, avec une jeune fille dont les longues jambes sont dans l’eau. Le haut de son bikini flotte à côté et on voit des piranhas. C’est très graphique. Cela a évolué mais les études marketing montrent que les gros plans d’acteurs, comme sur les vieilles affiches, marchent mieux que les affiches concept. C’est triste.
Est ce que Joe Dante et Roger Corman vont voir le film ?
Joe Dante va le voir, c’est sûr, on en a beaucoup parlé. Mais je ne suis pas du tout en contact avec Corman. On avait prévu un caméo pour Joe Dante dans le film, ainsi que pour James Cameron. Je les imaginais faire un speech de sécurité à deux sur un bateau. Dante avait dit oui, James Cameron n’était pas libre et cela n’a pas pu se faire.
En savoir plus sur Shunrize, le webzine avide de découvertes
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Merde je suis jaloux, s’il y a bien un mec que j’aurai aimé voir en inteview, c est bien lui …
Très sympa !
J’ai passé un super moment. On sent que c’est quelqu’un de passionné par ce qu’il fait. Tu aurais kiffé car il a pas mal de références communes à nous 😉
Excellente interview !!
Il a vraiment l’air sympa en plus.