Cinéma | Star Trek de J.J. Abrams – Critique

Même si j’ai vu dans sa quasi totalité les épisodes de la première série avec William Shatner et Leonard Nimoy, trois des films qui sont sortis au cinéma et de façon assez disparate les épisodes des séries qui ont suivies, je suis loin de faire partie des Trekkies. Ceci étant dit, je peux au moins me prévaloir d’être sur le même pied d’égalité que le réalisateur J.J. Abrams car tout comme moi il était fan de la série originale, sans être réellement un trekkie. L’intrigue de base est certes d’une simplicité confondante et certaines scènes d’action sont vite pliées mais je trouve qu’il a plutôt bien relevé le défi. A savoir donner un coup de jeune à l’une des franchises les plus importantes de l’histoire de la science-fiction. Et après avoir vu pas mal de bouses ces dernières semaines, je dois reconnaître que je suis sortie assez satisfaite de cette séance.

Côté casting, je trouvais le choix de Zachary Quinto pour jouer Spock plutôt judicieux. Ceux qui suivent “Heroes” savent qu’il sait incarner un personnage double, tiraillé par deux personnalités extrêmes et une fois encore il n’a pas fait démentir mon intuition. Karl Urban qui joue le docteur McCoy, était selon moi la caution geek de la distribution avec sa filmographie qui parle d’elle même : “Pathfinder”, “Doom”, “Les Chroniques de Riddick”, “Le Seigneur des anneaux”… En revanche, j’émettais de sérieux doutes concernant celui de Chris Pine pour interpréter le Capitaine Kirk et lorsque j’ai vu que Simon Pegg (“Hot Fuzz”) et John Cho (“Harold & Kumar Go to White Castle”) jouaient respectivement Scotty et Sulu, je me suis dit qu’au regard de leur registre habituel cela devait être une vaste blague. Et bien, je me suis quelque peu fourvoyée en pensant cela car aussi étrange que ce casting pouvait paraître, il fonctionne relativement bien à l’écran. Bon, les puristes vont très certainement trouver que Scotty était loin d’être aussi volubile ou que Chekov n’était pas aussi speed… mais cela n’entrave en rien la qualité du film. D’une part, c’est avec justesse et charisme que les deux acteurs principaux mettent en lumière deux êtres en apparence différents mais fondamentalement similaires car tous deux considérés à un moment de leur vie comme rebelles face à l’ordre établi. D’autre part, là où Gavin Hood avait échoué avec sa multitude de personnages secondaires dans “X-men Origins : Wolverine”, J.J. Abrams réussi à faire vivre chacun d’entre eux en les amenant de façon intelligente et fait en sorte que l’histoire se nourrit de leur présence.

Mon attention s’est portée sur la galerie des personnages et leurs répliques humoristiques, sur les décors somptueux, sur la musique qui accompagnait les actions sans être trop présente et enfin sur les effets spéciaux qui rendaient enfin hommage au design de l’U.S.S. Enterprise. Car pour ce qui est de l’histoire, le réalisateur cède parfois à la facilité par le biais de raccourcis scénaristiques, je pense notamment à l’apparition de Leonard Nimoy. Une stratégie sans doute employée pour alléger la trame afin de maintenir l’attention du spectateur mais je trouve qu’en faisant cela, il sous-estime quelque peu ce dernier. En conclusion, de l’humour, une mise en scène propre et soignée, une progression de l’intrigue qui manque un peu de dynamisme, voilà ce qui caractérise ce onzième film de la saga “Star Trek”. En privilégiant la psychologie des personnages tout en faisant références aux codes propres à l’univers de “Star Trek”, J.J. Abrams arrivera sans nul doute à toucher un large public.