La musique de Tiemoko est riche en influences et l’ambiance positive qui s’en dégage dénote avec la production Hip Hop que l’on nous propose aujourd’hui à travers les médias. Cela nous change indéniablement de la plupart des rappeurs qui passent leur temps à revendiquer un département ou le nombre de délits qu’ils ont pu commettre dans leur courte existence. Originaire du Mali, ce jeune homme de 29 ans a commencé le rap en 1994 en compagnie d’Harlem et d’Ibrahima, avec qui il fondera HARCÈLEMENT TEXTUEL. Après avoir multiplié les scènes avec le groupe, il décide d’entamer une carrière solo. A l’occasion de la sortie de son pré-album intitulé MOKOSTYLE, il revient sur son parcours et sur ce qui l’anime.
Comment tu es arrivé à la musique ?
Rappeur depuis plus de dix ans dans un style dit rap alternatif, j’ai découvert cette musique sur Radio Nova. Ensuite mon amour s’est confirmé à l’arrivée de la compilation RAP ATTITUDE en récitant les textes des rappeurs, je me prenais moi-même pour un MC. Au lycée, je rencontre Harlem à qui je montre mes talents d’interprète, il me pousse à écrire mes propres textes et me voilà rappeur.
Comment vois-tu ton évolution depuis la dissolution d’HARCELEMENT TEXTUEL ?
Et bien après mon départ du groupe, j’ai eu un long moment de réflexion. En solo c’est très différent, il faut réapprendre à écrire, développer son style et se créer une identité, un univers, ce qui prend du temps. Après une rencontre avec “Les Soulkadelics” lors des Sunday School, fameux plateau de découverte d’artistes au Trabendo animé par Sidney, j’ai vu les choses différemment. Ils m’ont présenté Jeezay qui a réalisé leur album Juste un feeling avec qui j’ai développé une certaine complicité. Je lui dois donc mon évolution musicale, il est à l’origine de la diversité dans ma musique.
De quelle manière se sont déroulées les séances d’enregistrement pour ton pré-album ?
C’est en plein enregistrement de l’album que le pré-album est né. J’ai dis à Jeezay : “Yo yo yo stop la K7 mec ! J’ai une idée, avant l’album, il faudrait de quoi mettre les gens en appétit. Un croisement entre une mixtape et un album”
Et voilà comment est né le Mokostyle.
Mokostyle
Chez Unity 17, rue Simart 75018 Paris
A la FNAC du Forum des Halles
Chez OCD 24, rue Pierre Lescot 75001 Paris
Quel aspect de ton travail préfères-tu ?
Les trois sont très intéressants. J’adore les enregistrements studio car c’est un lieu de création et d’expérimentation. On teste des trucs et des machins, on cadre, on analyse, on découpe, on garde des parties, on en jette d’autres, on laisse reposer et on voit si ça fonctionne. La compo est un exercice que j’adore, c’est là que beaucoup de choses se jouent. L’écriture en dit long sur la personnalité, je mets des intonations à chaque mot ce qui donne au texte plus de vie. Les thèmes ne manquent pas c’est la façon de les aborder qui n’est pas assez travaillée à mon goût. La scène réserve aussi des surprises, bonnes et mauvaises ! Pas moyen de tricher, c’est le public et l’artiste. La scène procure des sensations uniques qui se renouvellent indéfiniment.
Tes premières émotions fortes en musique ?
C’était au concert de IAM à La cigale ou à l’Élysée Montmartre, je ne me souviens plus très bien, j’étais très jeune. En première partie, il y avait ALLIANCE ETHNIQUE, j’ai halluciné. C’était mon premier concert, j’étais impressionné par la prestance des artistes. Après le concert on a rencontré Shurik’n !! Il nous a dit qu’un jour ce sera à nous d’assurer la relève et cette phrase a fait ding dans ma tête. Mes influences sont entre autres Q-TIP pour le groove, Busta Rhymes pour l’originalité et Jacques brel pour la richesse des textes. Je m’inspire aussi d’artistes comme Fela Kuti ou Ali Farka Toure que je découvre tout juste.
Que penses-tu de la scène Hip Hop française ?
Il y a des choses super intéressantes mais pour ça il faut creuser un peu car les médias ne font pas toujours correctement leur boulot. Ils mettent en lumière un style de rap dit Rap hardcore ou Ghetto concept. Alors qu’il existe d’autres styles qui méritent le détour : dédicace à Guiguipop, Pat, Détroit Concept, Offmike, Vicelow et la liste est longue…
Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
La mélodie du silence ! 😆 Fela kuti, le premier album de Shurik’n, Claude Nougaro, Da*jla.
Tiemoko par Angelik.
Que gardes-tu du Mali, ta terre d’origine ?
Jusqu’à l’âge de 16 ans, j’allais au Mali chaque année pour les vacances, j’ai fini par parler couramment Bambara. Mais avec le temps et le manque de pratique, j’ai beaucoup perdu. Je n’ai plus énormément de liens avec le Mali même si j’ai encore pas mal de famille là-bas. J’ai bien l’intention d’y retourner pour faire découvrir ma musique.
Boulanger, sportif, modèle, MC, parmi toutes ces casquettes, laquelle a ta préférence ?
Je ne travaille plus en boulangerie par choix, c’est un métier noble et ardu. J’ai préféré arrêter pour me consacrer à la musique. Modèle reste quelque chose que je fais lorsqu’une bonne occasion se présente. MC n’est pas encore mon métier puisque je n’en vis pas. Ce sont toutes ces casquettes mises les unes sur les autres qui m’animent.
Quelles sont tes prochaines actualités ?
L’arrivée d’une version numérique EP du pré-album et l’album “Artiste peintre”.
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