Florence Jaugey, réalisatrice de La Yuma

Le moins que l’on puisse dire c’est que Florence Jaugey aura su faire preuve de ténacité pour offrir au Nicaragua son premier long-métrage. En effet, La Yuma met un terme à 20 ans d’abstinence cinématographique.

Comédienne de formation, la documentariste d’origine française s’est battue pendant 10 longues années pour que La Yuma voit enfin le jour au cœur de Managa. A l’occasion de la sortie de son film le 29 septembre prochain, elle a bien voulu répondre à mes questions.

Quelle a été la genèse de votre maison de production Camila Films ?

Ma rencontre avec le cinéaste et directeur photo nicaraguayen Frank Pineda a été déterminante. Ensemble nous avons monté en 1990 cette maison de production au Nicaragua et j’ai délaissé mon métier d’actrice pour me lancer dans la réalisation. Aujourd’hui, nous avons plus d’une douzaine de courts-métrages et documentaires à notre actif.

Est-ce que le métier de comédienne vous manque ?

Non pas vraiment. Le fait d’avoir été comédienne me sert énormément pour ce qui est de la direction d’acteurs et dans ma relation avec les autres. Maintenant, je pense que ce qui me manque c’est plus le théâtre que le cinéma. J’aimerai pouvoir remonter sur les planches mais pour le moment je suis déjà très prise par la réalisation et la production.

Parlez nous de votre participation au film de Ken Loach “Carla’s Song” ?

Ken Loach nous a contacté pour que nous “débroussaillons” le terrain avant sa venue au Nicaragua. Frank Pineda s’est chargé de tous les repérages et faisait partie de la seconde équipe de tournage. Quant à moi, je me suis occupé du casting en collaboration avec Ken Loach.

Frank Pineda et Florence Jaugey

Comment s’est passé le tournage au Nicaragua ?

Bizarrement, on a rencontré peu de difficultés sur le tournage. C’était un moment magique, porté par le désir et la fierté de chacun de produire enfin un film qui raconte le Nicaragua et la réalité des quartiers.

Votre film a-t-il déjà été diffusé là-bas ?

Les retours sont très positifs. Le film est sorti en salles et est resté à l’affiche durant 6 semaines d’affilées battant des records de fréquentation.

Cela va-t-il donner une impulsion pour que d’autres films se tournent ?

Je l’espère sincèrement mais ce sera très difficile. Il m’aura fallu 10 ans pour rassembler les fonds nécessaires au tournage de “La Yuma”. Et si le pays regorge de gens motivés et désireux de se lancer dans des projets cinématographiques, il n’existe pas de structures pour les former et d’aides pour produire leurs films.

Sur le tournage de LA YUMA

Votre actrice principale Alma Blanco qui porte littéralement le film me fait penser à Michelle Rodriguez, dans “Girlfight”, comment l’avez-vous dénichée ?

Je l’ai découverte lors du casting de CARLA’S SONG de Ken Loach dans lequel elle tenait un petit rôle. J’ai écrit le rôle en pensant à elle. Elle est danseuse et elle a appris à boxer en seulement 15 jours car elle sait comment travailler avec son corps. Pour ce qui est de la ressemblance avec Michelle Rodriguez, le mimétisme n’entre pas en ligne de compte car je ne pense pas qu’elle ait vu le film. En revanche, il est vrai qu’elle a la même force d’interprétation.

Et les Oscars ?

Nous sommes simplement sélectionné pour représenter le Nicaragua aux Oscars. Cela dit c’est déjà beaucoup pour nous !

© Propos recueillis par Valérie DENISE