Illustratrice et autrice de BD, Élod propose un univers bucolique empreint de douceur et de tendresse. Bien ancrée dans son époque, l’angoumoisine de 23 ans a su fédérer une solide communauté grâce aux réseaux sociaux.
Après avoir décroché son Bac S, Élod entame une prépa art généraliste avec l’ambition de devenir illustratrice. Elle se dirige ensuite vers une filière d’illustration/BD/concept art qui remettra en question sa vocation. Pleine de doutes, la jeune femme abandonne rapidement ce cursus et cherche en vain un job alimentaire. Si elle pense alors à se réorienter et fait même un service civique, elle finit par revenir à ses premiers amours en se mettant à son compte.
Au printemps 2018, Élod auto-édite ainsi un guide illustré sur la réduction des déchets via Ulule, la plateforme de financement participatif. L’année suivante, elle s’essaie à la BD avec «Météore», une histoire de sorcière d’une dizaine de pages, qu’elle vendra au SPIN OFF, le festival indépendant organisé en parallèle du Festival d’Angoulême. Six mois plus tard, elle met à nouveau en scène une sorcière en coréalisant avec EsquimauPêche «Recettes de Magie», une BD à suivre en ligne.
À quel moment as-tu eu envie de devenir illustratrice ?
Cela m’est venu assez tard. Mais aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu travailler dans un milieu artistique comme le webdesign, la photographie ou encore l’animation 2D. Au collège, j’ai pu m’initier au dessin numérique grâce à une tablette graphique offerte par mes parents. A cette époque, je partageais mes dessins sur des blogs dont je personnalisais l’habillage. J’étais très inspirée par les mangas et les animes mais je n’imaginais pas pouvoir en faire mon métier. Cela semblait hors de ma portée.
Deux de tes projets financés via Ulule, le site de crowdfunding, ont récoltés plus d’argent que prévu. Quelles sont les clés d’une campagne réussie ?
La première campagne dédiée au guide zéro déchet a été une grosse surprise. Les gens qui me suivaient déjà sur les réseaux ont été bien plus engagés que je ne l’imaginais. Je pensais à peine atteindre les 200€. C’est d’ailleurs grâce à cet engouement que je me suis lancée. Pour la seconde consacrée à l’édition papier de «Recettes de Magie», j’étais un peu plus confiante. Ces campagnes comptaient pour moi mais cela reste de petits projets. Je ne sais pas si j’arriverais à financer une campagne plus conséquente. Entre la communication, la gestion du budget ou encore l’envoi des contributions, cela demande beaucoup de temps et d’investissement personnel. Être active sur les réseaux est indispensable pour que les gens se familiarisent avec mon travail et aient envie de le partager. Avoir une bonne présentation et de la chance joue également. Toutefois, à moins d’avoir énormément d’abonnés, la réussite d’une campagne n’est jamais certaine.
De nombreux illustrateurs ont du mal à vivre de leur passion. As-tu un job «alimentaire» à côté ?
Non. J’ai la chance de vivre dans une ville où la vie n’est pas chère et d’avoir des économies. Pour l’instant, mes plus importantes sources de revenus proviennent des conventions et des festivals. Malheureusement, je suis encore loin de vivre de l’illustration.
Quels sont les autres obstacles rencontrés ?
Le plus difficile à surmonter est le blocage artistique. Cela arrive généralement après des périodes de productivité intense comme les projets de financement participatif ou les festivals. J’ai tendance à culpabiliser lorsque je ne travaille pas, même si je sais que c’est contre-productif d’enchainer les projets. Dans mon métier, les choses prennent aussi plus de temps que je ne l’imaginais et c’est parfois dur de rester motivée lorsque des projets n’aboutissent pas.
Parle-nous de ton processus créatif
Pour le dessin numérique, je travaille sur iPad Pro avec Procreate et pour les traditionnels, cela dépend des périodes. En ce moment, j’utilise beaucoup l’aquarelle Kuretake. Si je n’ai pas d’idée, je cherche des inspirations d’ambiances ou de lieux sur Pinterest par exemple. Je fais ensuite de rapides croquis jusqu’à trouver quelque chose qui me plaît. Après, je précise avec un crayonné et passe au dessin final. Puis, je retouche mes couleurs sur Photoshop et m’arrache les cheveux pour choisir celles qui me plaisent 😄
Seren («Météore»), Prune («Recettes de magie»), d’où te vient cet amour pour les sorcières ?
A la fin de l’école primaire, j’adorais Magical DoReMi sur France 5. Je recopiais les images en remplaçant les personnages par ceux que j’avais créés. Je pense que cela ne m’a jamais vraiment quitté. Si j’ai une fascination inexplicable pour tout cela, l’imagerie autour des sorcières qui s’est développée sur internet m’a probablement incitée à replonger.
Les femmes qui t’inspirent ?
Les vidéos de Fran Meneses où elle partage ses projets, ses bonheurs et difficultés d’illustratrice m’ont énormément motivée à continuer dans cette voie. Le travail d’Olivia When est une grande source d’inspiration. Il y a également celui de Natasha Allegri, à l’origine de la série financée sur Kickstarter “Bee and Puppycat”, dont j’adore l’univers et les ambiances.
Quelles relations entretiens-tu avec ceux qui te suivent sur les réseaux sociaux ?
J’essaie de garder une certaine proximité grâce aux lives Twitch, aux stories Instagram, et en répondant un maximum aux commentaires et messages privés. J’ai la chance d’être suivie par énormément de personnes bienveillantes et positives qui m’encouragent et me soutiennent. Je suis très reconnaissante de les avoir !
Une actualité que tu aimerais partager ?
J’ai lancé mon Patreon ! Il me permet de percevoir des soutiens financiers mensuels de la part de ma communauté. En échange, et en fonction du palier, il y a différentes contributions qui sont postées tous les mois sur le site. On peut ainsi avoir accès à des sketchbook tour, des planners, des fonds d’écran, ou encore des avancées de projets que je ne poste nulle part ailleurs. Après le confinement, j’aimerais proposer un palier donnant droit à un petit print.
A ce propos, comment s’organise ta vie avec le confinement ?
Le confinement ne change pas trop mes habitudes mais il m’empêche de faire certaines choses comme vendre des originaux ou démarcher des clients. Tout est ralenti, j’en ai donc profité pour ouvrir mon Patreon et me lancer à fond dans des projets mis de côté jusqu’à présent. Au début, l’ambiance m’angoissait beaucoup. Aujourd’hui, j’ai réussi à reprendre ma routine et apaiser mon stress.
Copyright Photos © Elod – EsquimauPêche
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