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Festival des Arcs 2012 : La partition inachevée

Que feriez-vous si vous découvriez à l’âge de la retraite que vous n’êtes pas celui que vous pensiez ? Que vos parents qui vous ont tant chéri ne sont finalement pas les vôtres et que votre passé est relié à un terrible pan de l’Histoire ?

Ces déroutantes questions existentielles se retrouvent au cœur du nouveau long-métrage de Goran Paskaljevic. Trois ans après Honeymoons («Medeni mesec»), le cinéaste serbe revient au Festival du Cinéma Européen des Arcs avec un émouvant drame basé sur l’histoire vraie de la famille de son co-scénariste, Filip David.

On y suit ainsi un professeur de musique récemment à la retraite confronté à ses véritables origines suite à la découverte d’effets personnels sur un ancien camp d’extermination nazi. Des révélations qui vont alors insuffler un second souffle dans son existence en l’entraînant dans une quête identitaire à travers les ombres du passé et l’horreur de l’Holocauste.

L’incursion dans ce douloureux passé va d’ailleurs permettre à Paskaljevic d’évoquer la persécution des juifs et des tziganes à Belgrade mais aussi de lever le voile sur une violence raciale encore bien présente en Serbie, notamment celle prodiguée envers la communauté des Roms.

De plus, en nous montrant l’un des camps de concentration le moins connu d’Europe qui est l’un des rares à ne pas être référencé comme un site historique, Goran Paskaljevic met également l’accent sur le désintérêt de la Serbie et surtout celui de la nouvelle génération vis-à-vis des monstruosités relatives à l’Holocauste.

Emmenée par la composition envoûtante concoctée Vlatko Stefanofski, un guitariste macédonien, cette odyssée intimiste et nostalgique jouit d’une photo sans fioriture afin de ne pas trop verser dans le sentimentalisme mièvre.

De toutes les scènes, Mustafa Nadarevic qui incarne ce touchant professeur, porte littéralement le film sur ses épaules et nous livre une performance toute en retenue, sans jamais verser dans les effusions inutiles. Mon premier coup de cœur du Festival que je vous invite à voir lors de sa sortie dans l’Hexagone en octobre prochain.

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