Cinéma | Rubber, un film déjanté qui tient la route

Vu en mai dernier dans le cadre de La Semaine de la critique, RUBBER a résolument été la bonne surprise de mon passage au Festival de Cannes. Tourné en 14 jours dans le désert californien à l’aide d’un appareil photo numérique, cette histoire de pneu tueur qui décide de venger son peuple est aussi déjantée qu’elle en a l’air.

Pourtant, après l’OFNI (Objet Filmique Non Identifié) qu’était STEAK, Quentin Dupieux alias Mr Oizo nous livre pour son troisième long-métrage bien plus que ce simple récit pour le moins surréaliste. Dans une mémorable introduction, le DJ-Cinéaste pointe du doigt l’importance de l’intrigue dans un film et enchaînera par la suite des scènes absurdes extrêmement drôles où tout semble permis pour justifier cet état de fait.

Ainsi, à mesure que les cadavres jonchent la route de ce serial-killer en caoutchouc, Quentin Dupieux se joue de la notion d’illusion qui règne au cinéma et cette véritable mise en abîme du 7e art apparaît comme un plaidoyer contre le formatage des studios de production. P

Cela dit, le cinéaste est loin de dénigrer ces collègues et se permet même quelques clins d’œil cinématographiques. Ainsi, sans vouloir tous les citer au risque de vous spoiler le film, quand Robert (oui, il s’appelle comme ça) explose les têtes de ses victimes on pensera forcément à SCANNERS de David Cronenberg.

Doté d’une mise en scène inspirée et surtout d’une superbe photographie, on a du mal à croire que RUBBER a été réalisé avec un appareil numérique même s’il s’agit ici du fameux Canon 5D Mark 2, visiblement capable de rivaliser avec les meilleurs caméras HD.

Je retiendrais également les performances de Stephen Spinella (HARVEY MILK) et Jack Plotnick (THE MENTALIST) qui ne font que confirmer que RUBBER tient la route et ne se résume pas à la bonne blague qu’est son pitch, n’en déplaise à ses détracteurs et il y en aura assurément à la pelle. Don’t forget, No Fuckin’ Reason !