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Lucas Belvaux, réalisateur de Rapt

Diaphana m’a invité à découvrir RAPT de Lucas Belvaux qui sortira le 18 novembre prochain. Inspirée d’une affaire datant de 1978, celle de l’enlèvement du Baron Edouard-Jean Empain, PDG d’un grand groupe, l’histoire se veut néanmoins contemporaine. On notera le soin apporté par le réalisateur pour retranscrire les évènements tels qu’ils se sont passés alors qu’il n’a jamais rencontré le baron Empain. Rassurez-vous, le film a le bon goût de rester captivant et ce même si on connait l’issue qu’a eu l’affaire en question. L’autre point fort de ce film est indéniablement Yvan Attal dans le rôle de Sébastien Graff dont l’interprétation presque animale sait nous tenir en haleine.

En revanche, dès que la caméra se pose sur les autres acteurs du film la donne n’est plus la même. Leur jeu bridé à la limite de la récitation m’a vraiment dérangé. Une volonté du réalisateur pour souligner le milieu dans lequel ils évoluent et contraster avec ce que vit Stéphane Graff, certes, mais à laquelle je n’ai pas adhéré. Dès lors, je pense que le film aurait gagné à se concentrer davantage sur le personnage d’Yvan Attal quitte à couper pas mal de scènes où l’on retrouve les autres protagonistes. A la fin de la projection, Lucas Belvaux nous a rejoint dans la salle, l’occasion de lui poser 3 petites questions. Un échange très intéressant car l’homme est un véritable passionné qui se révèle loquace lorsqu’il s’agit de discuter de son art.

Aviez-vous pensé tout de suite à Yvan Attal pour interpréter Stanislas Graff ?

En fait, j’avais plusieurs idées mais Yvan a été la première lorsque j’écrivais le scénario. Je balançais entre un comédien qui ne ressemblait pas au baron, comme Yvan et un autre qui lui ressemblait. Au bout d’un moment, lorsque j’ai décidé de décaler l’histoire, de ne pas faire une reconstitution, ça me paraissait plus facile et plus confortable de tout changer. De plus, Yvan est un très bon comédien, il a beaucoup apporté au film, il s’est investi énormément. C’était dur physiquement et même psychologiquement.

A-t-il accepté tout de suite le rôle ?

Oui, mais il avait peur de ne pas être à la hauteur. Pour le rôle, il a dû suivre un régime très complexe et s’est servi des conseils d’un des acteurs du film, champion de culturisme… Il avait plein de truc pour perdre 3kg en une journée, enfin… pour donner l’impression de perdre 3/4kg en une journée. Il mettait Yvan au régime sans sel et sans eau. Il séchait, c’était assez impressionnant et puis en 24h, il lui donnait l’impression d’avoir repris 3kg de plus. C’était assez éprouvant pour Yvan. Pendant, je ne sais pas combien de temps il a mangé des brocolis à tous les repas et des cabillauds du matin au soir.

Réalisateur, scénariste et acteur. Si vous deviez choisir une seule de ces casquettes ?

Ce sont des plaisirs différents. J’ai été acteur jeune, dès 18 ans. C’est un grand plaisir. Un plaisir quasi enfantin de jouer la comédie, même si c’est dur. Le moment sur le plateau, où on joue un personnage, où on l’attrape, où il faut l’inventer, c’est quelque chose d’extrêmement jouissif. Après il y a certains problèmes. On se soumet à ce que l’on nous propose. Et parfois, on nous propose des trucs qu’on n’a pas envie de faire. On a des périodes sans proposition et ça devient dur. Et en bout de course on est obligé d’accepter un truc où on s’ennuie un peu. C’est un métier compliqué.
Après entre scénariste et réalisateur. Ce sont des casquettes indissociables car j’ai toujours fait les deux. J’ai toujours écrit les films que je réalisais après mais ce sont deux plaisirs différents. Il y a le plaisir qui me concerne, le plaisir de la clandestinité, on est tout seul chez soi et on prépare quelque chose. J’adore le moment où le film se construit, où les personnages commencent à naitre. C’est quelque chose d’un peu magique et de solitaire, avec la difficulté et les angoisses, mais c’est quand même très jouissif. Mais c’est également le plaisir de travailler avec une équipe, avec d’autres, et de travailler avec des acteurs. C’est quand même quelque chose de particulièrement magique. Quand on voit s’incarner un personnage que l’on a écrit, qui était pure image de l’esprit, et qu’il y a un acteur qui le joue qui est à la fois ce qu’on a imaginé et puis autre chose aussi. Et c’est une chose que l’acteur a mis en plus, à laquelle on n’avait pas non plus pensé. On met en scène ensemble, on réalise un rythme, des interactions, c’est un boulot passionnant. C’est un boulot physique, stressant, il doit y avoir 50 photos de tournage où je regarde ma montre, mais c’est un tel plaisir.


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