Cinéma | De Rouille et d’Os, un conte contemporain percutant

Dans le Nord de la France, Ali se retrouve avec son fils Sam, 5 ans, sur les bras. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Dresseuse d’orques au Marineland, il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.

Lauréat d’un prix du scénario en 1996 avec «Un héros très discret» et Grand Prix en 2009 pour «Un prophète», Jacques Audiard pourrait bien remporter à nouveau un prix pour son sixième long-métrage présenté en Sélection Officielle de la 65e édition du Festival de Cannes.

Librement inspiré du recueil de nouvelles «Un goût de rouille et d’os» de l’écrivain canadien Craig Davidson, «De Rouille et d’Os» met en scène deux personnages paumés et brisés par les aléas de la vie qui vont tenter ensemble de s’extraire de leur condition.

Loin des «Vacances de l’Amour», cette romance en bord de mer fait preuve de suffisamment de rigueur et de justesse pour ne pas sombrer dans le mélodrame pathos en nous épargnant le racolage sentimental que suggérait un tel pitch.

Jai été ici totalement conquise par Matthias Schoenaerts. Révélation du drame belge «Bullhead», l’acteur flamand compose sans esbroufe un vigile laconique aux élans de tendresse inattendus et voit son talent confirmer au grand jour. Il forme avec son émouvante partenaire, Marion Cotillard, un couple atypique qui crève littéralement l’écran.

Cette œuvre magistrale porte un regard sans complaisance sur notre société foisonne de thématiques et laissera son empreinte longtemps encore après la projection. Pour ma part, je n’écouterai plus de la même façon «Firework» de Katy Perry.

Sueur, sang, larmes, rédemption, amour et libération. «De rouille et d’os» parvient à faire émerger une belle histoire d’amour au cœur d’un monde sans pitié.