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Festival du film Vietnamien : L’âme maternelle, L’Odeur de l’herbe brûlée et La lune au fond du puits

Saint-Malo, samedi 5 juillet 2014. Troisième journée au Festival du film Vietnamien. Ce matin, pour la première fois depuis mon arrivée, le ciel fait grise mine. Je dois me rendre au Cinéma Le Vauban et la perspective de faire ce quart d’heure de marche sous la pluie ne m’enchante guère. Le ciel a dû entendre mes suppliques car une fois en bas de mon hôtel, il ne pleuvait plus et j’ai pu rejoindre la salle de projection au sec. Il est 11h et cela commence plutôt bien.

L’ÂME MATERNELLE – TÂM HỒN ME – MOTHER’S SOUL

Inspiré de la nouvelle éponyme de Nguyễn Huy Thiệp, L’ÂME MATERNELLE nous dépeint le quotidien guère attrayant d’une mère célibataire qui vit avec sa fille dans une modeste maison le long du fleuve Rouge à Hanoi. Ici, il est question de carence affective et de jeunesse volée.

La réalisatrice vietnamienne Phạm Nhuệ Giang nous livre ainsi un singulier regard mâtiné d’un arrière-goût mélancolique sur la maternité et les instincts de survie d’un enfant contraint de vivre dans des conditions précaires.

Dans la peau de cette mère immature à la dérive, Hong Anh fait des merveilles face à la jeune Phung Hoa Hoai Linh qui endosse éminemment le rôle de cette enfant obligée de grandir trop vite. Toutes en nuances, leurs performances sensibles sont effectivement l’un des gros points forts de ce poignant drame.

Phung Hoa Hoai Linh

Tung Lam et Phung Hoa Hoai Linh

Pour le déjeuner, nous quittons la terre ferme, direction l’île de Cézembre. Chargée d’histoires et inhabitée, à l’exception d’un restaurant ouvert durant la saison estivale, cette île située au large de Saint-Malo possède une plage de sable fin et donne vraiment l’impression à ses visiteurs d’y avoir fait naufrage.

Au-dessus de cette magnifique plage encore préservée, le bien nommé «Repaire des Corsaires», un bar restaurant, aux allures de paillote. Accueillis par Nicolas Hulot qui se préparait à faire du kitesurf, nous y avons passé un délicieux moment en dégustant un plateau de fruits de mer fraîchement pêchés.

Arrivée sur l’île de Cézembre

Nicolas Hulot qui pensait être tranquille sur cette île isolée.

Bernard Montiel, Kamel Belghazi, Régis Wargnier, Philippe Bas, Liane Foly, Pascal Elbé et Christophe Hondelatte

Vers 15h30, nous voici de retour à Saint-Malo. Le premier documentaire «Ce qui reste dans le temps » racontant des souvenirs de guerre ayant déjà commencé, nous décidons de patienter dans le hall du cinéma Le Vauban en attendant «L’histoire du village de Then».

Ce documentaire de Tran Phi et Hoang Dung nous présente avec d’humour les hommes d’un village vietnamien qui ont la particularité d’être tous musiciens. On y apprend notamment que leur passion dévorante les contraignent à ne pas aider leurs compagnes dans les tâches quotidiennes (travaux dans les champs, ménage etc…).

Les féministes crieront bien sûr au scandale à chacune de leur déclaration venue d’un autre âge. 16h30. Il est l’heure de découvrir un nouveau long-métrage en compétition.

L’ODEUR DE L’HERBE BRÛLÉE – MÙI CO CHÁY

Réalisé par Nguyen Huu Muoi, ce film de guerre suit le destin de quatre jeunes étudiants en lettres de l’Université de Hanoi qui abandonnent leurs études pour s’engager avec leurs pairs dans l’armée. Lors de leur préparation militaire, nous découvrons tout d’abord un ersatz de la «7e compagnie», puis, le métrage prend peu à peu une tournure nettement plus dramatique lorsqu’il commence à nous dépeindre la terrible bataille de la citadelle de Quang Tri.

En 1972, cette âpre bataille de 81 jours et nuits entre les soldats vietnamiens et l’armée américaine fit ainsi de nombreux morts au champ d’honneur. Dans cette œuvre riche en symbolisme qui s’inspire des vers du poète Thanh Thao, le cinéaste rend hommage au courage inouï, à l’esprit de sacrifice et au patriotisme des jeunes combattants vietnamiens.

Ici, nos héros passent à une vitesse incroyable de l’innocence à l’expérience, de la peur au courage. Une chronique de guerre émouvante qui témoigne des marques impérissables qu’à laisser ce sanglant conflit dans la mémoire de tout un peuple.

LA LUNE AU FOND DU PUITS – TRĂNG NƠI ĐÁY GIẾNG

Nguyen Vinh Son nous conte ici le récit tragique d’une femme aux prises avec des déboires conjugaux qui perd peu à peu le sens des réalités pour s’abandonner au culte des esprits. On y suit ainsi Hạnh, une jeune femme qui enseigne dans un lycée dont son mari est le proviseur.

Toujours aux petits soins pour l’homme qu’elle aime, cette épouse dévouée cache une très grande douleur derrière ce bonheur de surface. En effet, stérile, Hạnh ne peut donner d’enfant à son mari. Bien que qu’il s’en accommode et ne lui en tient pas rigueur, celle-ci décide contre son avis de jouer les entremetteuses.

Elle lui trouve ainsi une femme pour qu’il puisse avoir enfin un descendant. Malheureusement, le secret de ce concubinage finit par éclater au grand jour et bouleverse définitivement l’existence bien réglée de Hạnh.

La lenteur du film qui permet d’entrevoir la déconstruction de l’héroïne, incarnée par la délicate Hồng Ánh, décontenancera certainement plus d’un spectateur. Pour ma part, il m’aura fallu beaucoup de courage pour ne pas sombrer dans un profond coma durant la projection.

Hồng Ánh

Cette avant dernière journée de festival se termine et j’attends avec une certaine impatience le palmarès qui sera annoncé demain. A cette heure-ci, j’ai déjà mes favoris : «L’âme maternelle» et «La lettre de sang».


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