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Cinéma | Blackbird de Jason Buxton – Critique

Une petite ville du Canada. Adolescent tourmenté, Sean est rejeté par la plupart des élèves de son collège. Mal dans sa peau, il se sert d’Internet comme exutoire et imagine des scénarios de vengeance virtuels. Alertée, la police fait irruption dans la maison où elle trouve les armes de chasse de son père. Accusé ) tort de planifier réellement un crime. Sean devra alors non seulement surmonter l’hostilité des habitants mais aussi affronter l’absurdité de la machine judiciaire…

Dans le cadre de mon taf, il m’arrive parfois de découvrir des films qui ne bénéficieront pas forcément de la médiatisation qu’ils mériteraient, BLACKBIRD en fait partie. Diffusé dans sept salles à Paris, le premier long-métrage de Jason Buxton passera très certainement inaperçu face à un mastodonte comme Star Trek mais il mérite sincèrement qu’on s’y attarde.

Homme de l’ombre, le cinéaste d’origine britannique a longtemps travaillé dans les coulisses du cinéma en tant qu’assistant caméraman, ce qui lui a permis d’apprendre les ficelles du métier en observant des cinéastes comme James Cameron et Lasse Hallström durant le tournage de leurs films respectifs, «Titanic» et «The Shipping News».

En explorant le pouvoir et le danger des médias sociaux et de la cyber-intimidation, ce drame canadien aurait pu ressembler à un triste cliché contemporain. Pourtant, Buxton parvient à nous livrer un essai engagé sur la manipulation, l’injustice et l’aveuglement d’une société qui laisse primer le principe de précaution au détriment de la présomption d’innocence.

Dénonçant avec beaucoup d’intelligence l’intransigeance absolue au détriment du bon sens, il porte également un regard sensible et nuancé sur la période trouble de l’adolescence.

Si le film m’a autant plu c’est aussi parce qu’il est porté par un acteur plein de talent : Connor Jessup. Le jeune homme qui a tenu l’un des rôles principaux de la série «Falling Skies» produite par Steven Spielberg, nous offre ainsi une interprétation subtile et pleine de maturité. Grâce elle, nous sommes littéralement embarqués dans cet engrenage infernal, un cauchemar d’autant plus effrayant qu’il est tout à fait plausible.

Élue à juste titre Meilleur premier film canadien au dernier Festival de Toronto, l’œuvre singulière de Buxton est une chronique intense et fascinante sur l’intimidation, la paranoïa et les dangers des médias sociaux sur laquelle il serait dommage de faire l’impasse.


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