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Mickael Newton, Journées Mondiales du Jeu Vidéo

Fête du livre, de la musique, du cinéma, aujourd’hui même notre voisinage est mis à l’honneur, alors pourquoi ne pas faire de même avec l’un des loisirs les plus populaires au monde, le jeu vidéo ?

Il est étonnant de voir que jusqu’en 2010 personne n’avait alors suggérer de mettre en place un tel rendez-vous. Fort heureusement pour les gamers, une initiative française a remédié à cet impair. C’est ainsi que du 23 au 25 novembre prochain auront lieu la troisième édition des Journées mondiales du jeu vidéo.

A cette occasion, de nombreuses manifestations seront organisées, avec notamment des compétitions, des opérations dans les magasins de jeux vidéo et des reportages dans les média pour mettre à l’honneur le jeu vidéo. Afin d’en savoir davantage sur les coulisses de cet évènement mondial, j’ai pu poser quelques questions à son fondateur, Mickaël Newton.

Pourrais-tu te présenter ?

Je suis président de Loisirs Numériques, association qui réalise des évènements autour du jeu vidéo. A côté de cela, je suis indépendant spécialiste de la publicité web, toujours dans le domaine vidéoludique. J’ai été formé aux métiers du numérique et ai toujours travaillé de près ou de loin dans le jeu vidéo, notamment chez Ubisoft pour la fin de mes études puis chez Playstation il y a quelques années. J’ai ensuite intégré une structure indépendante qui s’occupe de financer via la publicité, les sites de jeux vidéo spécialistes comme Gameblog, Factornews, Nofrag et bien d’autres. Ce que je fais aujourd’hui est plus ou moins dans la continuité, en ajoutant les nouvelles formes de pub comme l’advergaming et aussi les nouveaux supports de communication comme les tablettes ou le mobile.

Quelle a été la genèse des Journées Mondiales du Jeu Vidéo ?

Cela part d’un constat. En France, les évènements autour du jeu vidéo sont souvent concentrés autour de Paris ou des grandes agglomérations. Sur les forums, on peut souvent lire des gens qui se plaignent qu’il ne se passe rien à côté de chez eux. Alors pourquoi pas partir sur un créneau de jours pour mettre en avant tout plein de choses, se rencontrer entre joueurs, mettre en place des conférences, des tournois, des soirées entre amis et faire en sorte que personne ne soit lésé en matière de festivités autour du jeu vidéo ? Dès 2010, on s’est dit que grâce à la puissance du web, on peut faire véhiculer l’idée d’une fête qui serait proche du concept de la fête de la musique : faire le plus de bruit possible en parlant de nos jeux vidéo ou en jouant tout simplement, de sorte à ce que les média généralistes s’intéressent de vraiment très près de la discipline et pas uniquement lors de faits divers ou parler des gros hits uniquement, tandis qu’il y a à côté de ça des milliers d’initiatives qui méritent un coup de projecteur. Nous sommes fermement convaincus que joueurs avertis comme occasionnels peuvent aller à la rencontre de ces passionnés et indépendants sans qu’il y ait de lieu géographique privilégié. Alors la planète devient notre terrain de jeux l’espace de trois jours.

Les difficultés rencontrées lors de sa mise en place ? Avez-vous été soutenu par l’industrie du jeu vidéo ?

Le manque d’argent. Aujourd’hui on fonctionne avec zéro euros ou avec nos fonds personnels. Bien que l’on parte du principe qu’avec très peu de moyens on peut faire de grandes choses, à un moment donné, ça va coincer si on n’a pas les moyens de communiquer puissamment et d’être libre de circuler où nous voulons pour parler du projet. On a besoin de rencontrer ces gens du monde entier pour leur parler du projet et avancer ensemble. Alors l’E3, la Gamescom, le Tokyo Games Show et même les conventions plus indépendantes ou discrètes deviennent des carrefours de rencontres idéaux, mais c’est difficile d’amortir ces frais engagés. Même en tant qu’association instigatrice des JMJV, on a eu beaucoup de mal à trouver une salle appropriée pour réaliser notre évènement-pilote, mais tout va bien maintenant, on a trouvé ce qu’il nous fallait grâce à des gens formidables, hors du domaine du jeu vidéo. Alors grâce à l’édition 2012, on va construire un dossier en béton armé et chercher des sous auprès de mécènes potentiels, auprès des ministères, des institutions européennes aussi et croiser les doigts très fort. On a besoin aussi de bénévoles engagés et sérieux, ce qui n’est pas chose évidente mine de rien. L’industrie du jeu vidéo “mainstream” nous regarde avec des yeux ronds quand on leur parle du projet et les contributions se limitent à des prêts de bornes et des jeux et goodies à faire gagner ou pour la collecte que nous avons instauré (pour les familles aux revenus modestes.) Mais on veut aller plus loin avec eux et ce sera chose faite, maintenant que le SELL et le SNJV soutiennent nos démarches au niveau national. Nous sommes contents des avancées en deux ans et trois éditions, on a le sourire et on est très motivés.

Comment êtes-vous parvenu à vous imposer au niveau international ?

A coups de milliers d’e-mails envoyés ! Cela dit pour cette troisième édition, nous sommes surtout présent dans la francophonie, les pays limitrophes à la France et l’Afrique, on couvre une dizaine de pays grâce à des interlocuteurs locaux, car la logique des JMJV est que nous, Loisirs Numériques, sommes là surtout pour guider les associations et sociétés locales des pays impliqués, on ne fait pas d’ingérence. L’objectif de 2013 est de toucher plus largement l’Europe et bien d’autres pays en dehors du continent.

Ces journées se veulent conviviales mais aussi solidaires, peux-tu nous parler des actions mises en place à destination des associations caritatives ?

Nous réalisons une grande collecte de jeux vidéo, que nous allons reverser entre fin novembre et mi-décembre au Secours Populaire Français. Tout le monde peut participer, il suffit de nous envoyer vos jeux inutilisés, le matériel qui ne vous sert plus afin que chacun d’entre nous puisse avoir un beau Noël. Nous avons récolté environ 1.500 jeux à ce jour et des centaines de goodies. C’est une opération qui nous tient à coeur et que nous espérons faire grandir chaque année.

De nombreuses manifestations seront organisées durant ses journées mais quels en sont les temps forts ?

Notre évènement se tient à Paris à La Cantine le 24 novembre 2012, un rassemblement festif autour de la Musique et du Jeu Vidéo. 150 personnes sont attendues et l’entrée est gratuite (NDLR: Vous pouvez récupérer des places ici). Il y a aussi Game Paris Talent le 23 novembre à la Gaîté Lyrique, mais aussi plein d’autres évènements ailleurs en France comme à Nantes avec Art To Play du 24 au 25 novembre mais je vous invite à aller voir sur le site des JMJV où il y a une carte des évènements très claire.

Quels sont vos objectifs ?

Que les Journées Mondiales du Jeu Vidéo (International Video Game Days) deviennent le plus grand évènement du jeu vidéo au monde, tout simplement. Il nous faut 2 ou 3 éditions encore pour qu’il deviennent un vrai mouvement planétaire, mais surtout un réflexe de la part des joueurs. Puis si les joueurs avertis sont acquis à la cause, alors les joueurs occasionnels s’y intéresseront et même les non-joueurs. L’occasion de faire de la pédagogie, de la prévention, de montrer qu’en effet jouer aux jeux vidéo, ce n’est pas sale et ça ne rend pas criminel. Aujourd’hui on est encore en phase de lancement, mais ça décolle vite alors on ne peut qu’être optimistes pour la suite.

Les jeux vidéo sont systématiquement mis au pilori dans les médias notamment lorsqu’un jeune est impliqué dans un faits-divers, quel est ton regard vis-à-vis de cette stigmatisation ?

Je ne m’indigne pas, je constate. Quand je vois certains reportages, je me dis que certains journalistes font tout pour décrédibiliser le média jeu vidéo avant tout parce qu’ils ne le comprennent pas. Pourtant il est évident qu’il y a des joueurs aguerris dans chaque rédaction. Considérer le jeu vidéo comme une sous-culture pour adulescents, c’est ne pas voir l’évidence, que tout le monde joue. Cela dit on a un vrai rôle d’accompagnement à faire et il est du ressort des joueurs qui connaissent le média depuis longtemps. Aussi, rejeter les joueurs occasionnels par principe comme le font souvent ceux qui ont l’habitude des pads, c’est une erreur qu’il faut réparer au plus vite. Il faut accompagner les plus profanes et établir des passerelles, procéder étape par étape pour qu’ils découvrent toute l’immensité de la culture vidéoludique.

Tes premiers émois vidéoludiques ?

Ah je pense tout de suite à ALEX KIDD, SHINOBI, STREETS OF RAGE et MEGAMAN quand je ferme les yeux. J’étais plutôt Sega que Nintendo à l’époque des guéguerres entre les deux constructeurs de consoles principaux en occident dans les années 90. De façon générale, j’ai toujours été amateur de jeux d’action, tout simplement parce que c’est la meilleure façon d’incarner un super-héros sans que j’aie à mettre des bottes et un slip par-dessus un fuseau !

Tes derniers coups de cœur ?

J’ai accumulé un retard monstrueux sur les jeux vidéo. Aussi, je rattrape tout cela petit-à-petit mais de par mes multiples activités, force est de constater que la mission est ardue ! Tiens par exemple, je suis sur BIOSHOCK en ce moment qui est une chouette aventure, j’ai beaucoup réfléchi sur l’histoire sans parole de LIMBO et ses thématiques très fortes et… Ah si un vrai coup de cœur, THE WALKING DEAD que j’essaye sur ma tablette dans les transports. Une narration fluide et agréable comme rarement j’en ai vue, un vrai concentré d’émotions aussi. J’ai été pris aux tripes à plusieurs reprises.


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