L’Etrange Festival 2012 – Un jour de Chance d’Alex de la Iglesia

Pour cette seconde journée à l’Etrange Festival, voici Un Jour de Chance d’Alex de la Iglesia. Mais que vaut cette comédie cinglante inspirée du film de Billy Wilder, Le Gouffre aux chimères ?

Depuis 2008, la crise économique n’a eu de cesse de faire des ravages à travers le monde : pays lourdement endettés, croissance en berne, taux de chômage record qui a entraîné une grogne sociale sans précédent. Parallèlement à cela, on a pu constater une recrudescence des programmes de télé-réalité. Car, il faut bien se l’avouer, voir quotidiennement la cupidité, l’absence de dignité et la misère des autres permet de relativiser nos problèmes.

Un jour de Chance, ça parle de quoi ?

Ancien publicitaire à succès, Roberto ne supporte plus d’être au chômage. Désespéré, il retourne avec sa femme dans l’hôtel qui fut le théâtre de leur lune de miel. Mais l’établissement a laissé place à un musée sur le point d’être inauguré. Au cours de sa visite, il fait une grave chute et se retrouve avec une barre de fer plantée dans la tête. Devenu l’attraction numéro 1 pour les médias présents, Roberto comprend que cet accident pourrait finalement lui être très profitable…

Dérives médiatiques

De nos jours, l’opportunisme et le voyeurisme ne sont plus considérés comme des comportements amoraux. Dès lors, face au marasme ambiant, préférer l’amour et la dignité à l’argent est un signe de résistance. Porte étendard d’un cinéma libertaire et débridé, Álex de la Iglesia (Balada Triste) nous démontre dans cette comédie satirique qu’il est également en phase avec son époque. Nous voici face à un véritable témoignage d’une ère en récession où la corruption morale et financière règne en maître. Ce récit écrit par Randy Feldman (Tango et Cash) pourrait paraître simpliste s’il n’était pas transcendé par la mise en scène du maestro hispanique.

Une réussite ?

En effet, en s’attardant sur le cas de ces médecins, politiciens, fonctionnaires, publicitaires et médias qui tentent de profiter du calvaire de ce chômeur de longue durée paralysé suite à des circonstances peu communes, le réalisateur espagnol dénonce avec ferveur et humour la surmédiatisation et la récupération politique au détriment de l’homme. Chez Shunrize, nous aimons son travail et après lui avoir consacré une Deviant Zone, nous attendions avec impatience de voir son nouveau long-métrage. Porté avec brio par José Mota et Salma Hayek, Un jour de Chance a su combler toutes nos attentes en mêlant cynisme, humour noir et émotion sans jamais verser dans le misérabilisme.

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Merci à L’Etrange Festival pour l’avant-première !