Le Mythe du Loup Garou

Après vous avoir longuement parlé du Necronomicon, abordons un autre mythe qui a su inspirer nos cinéastes : la lycanthropie.

La lycanthropie est une espèce de maladie mentale dans laquelle le malade s’imagine être changé en loup. En effet, En psychiatrie, lorsqu’une personne se croît transformée en loup lors des nuits de pleine lune, il est atteint d’une psychose appelée Lycanthropie.

Selon Collin de Plancy, dans son “Dictionnaire infernal“, publié en 1818, définit la lycanthropie comme une “maladie qui, dans les siècles où l’on ne voyait partout que démons, sorcelleries et maléfices, troublait l’imagination des cerveaux faibles, au point qu’ils se croyaient métamorphosés en loups garous, et se conduisaient en conséquence. Les mélancoliques étaient plus que les autres disposés à devenir lycanthropes, c’est-à-dire hommes loups.”

Étymologiquement, lycanthrope provient du grec lycos : loup et anthros : homme. Ce terme fut fréquemment employé la place du mot zoanthropie, lequel désigne toute métamorphose d’homme en animal.

Mythologie

Le terme de lycanthrope viendrait d’un roi d’Arcadie nommé Lycaon. Ce roi d’Arcadie bâtit sur les montagnes, la ville de Lycosure et y éleva un autel à Jupiter Lycaeus, auquel il commença à sacrifier des victimes humaines. Il mangeait tous les étrangers qui passaient sur ses terres. C’est ce qu’il faillit arriver à Jupiter qui était venu se loger chez Lycaon. En effet, ce dernier se préparait à lui ôter la vie durant son sommeil mais auparavant, il voulu s’assurer que ce n’était pas un Dieu. Pour ce faire, il lui fit souper, selon les dires de certains, les membres d’un de ses hôtes ou d’un de ses esclaves. Mais Jupiter se rendit compte de l’intention de Lycaon et il alluma un feu vengeur qui consuma le palais et Lycaon fut ainsi changé en loup. Ce serait l’un des plus anciens loups-garous. Les successeurs et les séides de Lycaon prirent le nom de loup-garou, mot dont l’origine demeure controversée. Versipelles, Mormolycies, Loup-varou, Werwolf, Lupos varios, Bisclaverets, Gerulphus, Garwalls, et j’en passe, voici les nombreuses appellations du loup-garou.

La Légende européenne

Selon la légende, lors des nuits de pleine Lune, l’humain loup-garou, se transforme en un loup énorme avec des sens hyper développés et acquiert les caractères attribués à cet animal : puissance musculaire, agilité, ruse et férocité. Il chasse et attaque sans merci ses victimes pour les dévorer, ne contrôlant plus ses faits et gestes, et pouvant tuer de nombreuses victimes en une seule nuit. Les gens se sont mis à chasser les loups, s’en protégeant avec de l’eau bénite et les tuant avec une balle en argent. Les humains loup-garou pouvaient conserver quelques caractéristiques, telles une modification de leur voix et de leurs yeux, des sourcils se rejoignant au-dessus du nez, des ongles légèrement rouge, le majeur un peu plus long, les oreilles implantées un peu plus bas et en arrière de la tête, et de façon générale un peu plus de poils sur les mains, les pieds et dans le dos. En dehors de la légende, les faits historiques concernant la lycanthropie poussent à d’écrire le lycanthrope comme suit : selon Jean Wier, les malades atteints de lycanthropie sont pâles, ont les yeux enfoncés et la langue fort sèche. De plus, la lycanthropie, comme le vampirisme ou la nécromancie, est liée au culte d’Hécate et une tradition Hellénique impose aux spectres pour apparaître d’être éclairé par l’astre lunaire. Vers le 16e siècle, le mouvement du culte de Lycaon pris son essor au sein du peuple. Peu de personnes savent lire à cette époque mais lors de veillées, ils entendent des histoires sur ces hommes capables de se changer en bête et la crédulité fait son chemin. Règlements de compte, délation, procès, le phénomène enfle à travers la France. Le 17e siècle verra les esprits s’apaiser et il faudra attendre le 18e siècle pour voir ressurgir les vieux démons en l’affaire de la bête du Gévaudan.

Le procès

En un peu plus de cent ans, on a enregistré, en France, 30000 procès de loups-garous. Les minutes en ont étés conservées dans les archives locales. Automne 1573. Alors que règne une terrible famine, les villages de la “Vallée des Anges” sont terrorisés par des crimes atroces commis sur des enfants retrouvés déchiquetés et bestialement dévorés. Suite à une autorisation du Parlement dolois de “s’assembler avec épeix, hallebardes, piques, arquebuses et autres bastons”, les soupçons se portent sur Gilles Garnier, un marginal dirait-on aujourd’hui, qui vit avec sa femme en pleine forêt à l’ermitage Saint-Bonnot. Celui-ci est conduit par un groupe d’habitants au tribunal de Dole. Après les aveux de Gilles Garnier, les minutes du tribunal du 18 janvier 1574 précisent le verdict :

Gilles Garnier, tombé en sorcellerie, ayant pris et occis plusieurs enfants de 6 à 12 ans tant avec ses mains semblant pattes qu’avec ses dents, la Cour le condamne à être aujourd’hui traîné à l’envers sur une claie depuis la conciergerie de Dole jusqu’au tertre de ce lieu et y être brûlé vif…

Vers 1600, Jean Grenier âgé de 15 ans fut accusé d’avoir mangé des enfants. Ce garçon de treize ans, à demi idiot, présentait un faciès canin fortement accusé. Il se prenait pour un loup-garou. Un soir, il se complaît à terrifier un groupe de fillettes de son âge en leur affirmant qu’à la tombée de la nuit il se transformerait en loup et les dévorerait. A quelques jours de là, une fillette, qui était sortie à la nuit pour rentrer ses moutons, fut attaquée par une créature que, dans son affolement, elle prit pour un loup, mais dans laquelle elle reconnut par la suite Jean Grenier.

Elle se défendit vigoureusement à coup de houlette et réussit à s’enfuir en courant jusqu’à sa demeure. Comme plusieurs enfants avaient auparavant disparu dans des circonstances mystérieuses, on soupçonna Grenier. L’affaire fut portée devant le parlement de Bordeaux. Le jeune garçon confessa qu’une nuit, deux ans plus tôt, il avait vu apparaître le diable. Il avait, dit-il, signé un pacte avec le maître des ténèbres, qui lui avait fait cadeau d’une peau de loup. A partir de ce moment, il avait pris chaque nuit l’apparence de cette bête sauvage et avait écumé les campagnes, retrouvant sa forme humaine au lever du jour. Il avait ainsi tué et dévoré plusieurs enfants qu’il avait rencontrés à travers champs.

Il raconta même qu’une fois, profitant de l’absence des parents, il était entré dans une chaumière et avait emporté un enfant au berceau. Dans les rêves, les loups-garous ont toujours des yeux incandescents… Après enquête minutieuse, tous les forfaits avoués par Jean Grenier se révélèrent exacts du moins en ce qui concerne le cannibalisme. Aucun doute ne subsiste : les enfants disparus avaient bien étés tués et en partie dévorés par l’adolescent.

En 1975, les journaux anglais rapportaient la tragique histoire d’un jeune homme de dix-sept ans, originaire du village d’Eccles hall, qui se croyait sur le point de se muer en loup-garou. Pour mettre un terme à ses souffrances morales, il se plongea un couteau à cran d’arrêt dans le cuir. Une enquête fut ouverte après sa mort et l’un de ses compagnons de travail révéla que le malheureux lui avait téléphoné avant son geste fatal : “Il m’a dit, déclara le témoin, que son visage et ses mains changeaient de couleurs et qu’il était en train de devenir un loup-garou. Puis il s’est tu, et j’ai alors entendu des grognements.”

Croyances

Il est possible de distinguer trois sortes de métamorphoses :

1/ La possession. Transformation d’homme en animal d’espèce diverse, produite par la malveillance d’une sorcière. Celle-ci s’attaquant à tout ce qui concerne procréation, reproduction, il ne s’agit là que d’un moyen parmi d’autres pour infester l’acte vénérien.

2/ La sorcellerie. On prétendait que certains sorciers, à l’aide d’onguents et d’incantations magiques, parvenaient à se métamorphoser en loups. Cela nécessitait des rites magiques extrêmement compliqués. Il fallait tout d’abord consacrée une ceinture en peau de loup. A noter qu’une ceinture réalisée avec la peau tannée d’un criminel exécuté était aussi efficace. Venait ensuite la cérémonie d’incantation aux démons.

3/ La transformation par morsure. Des humains mordus par des loups-garous et qui provoque une transformation génétique chez la victime. Après cela lors de la pleine lune, cet humain vas se transformer en loup-garou.

Une croyance populaire proposait également des méthodes bien plus simples pour se métamorphoser en loup-garou. On pouvait ainsi : boire de l’eau recueillie dans les traces de pas d’un loup ou encore manger la viande rôtie d’un loup féroce. Ces méthodes étaient réputées plus efficaces les nuits de pleine lune, surtout lorsqu’elles tombaient un vendredi.

On croyait que ceux qui naissaient coiffés, avec une tache de vin ou des cheveux ressemblant à des poils de loup étaient des loups-garous. En général, on roulait la coiffe et on la gardait comme amulette ou on la cousait dans les vêtements. Elle était partout réputée pour portée chance. Parmi les Serbes et les Slovènes, ainsi qu’en Pologne et chez les Katchoubes, on disait que ces enfants avaient le don de double vue et de métamorphose. Bien que pouvant se changer en divers animaux, on disait qu’ils préféraient le loup hardi et assoiffé de sang. Au XVIe siècle, l’Église de Russie se sentit obligée de condamner ces croyances dans le pouvoir de la coiffe et ses liens avec la lycanthropie.

Les loups-garous au cinéma

Bien avant d’être le prétexte rêvé pour de jeunes éphèbes de dévoiler leur poitrail imberbe, la lycanthropie a fait les beaux jours du grand écran. Ainsi, on dénombre à ce jour plus de 125 films consacré aux Loups-garou. Dès lors, vous en conviendrez les lister ici serait vite rasoir donc je me contenterais d’un bref listing.

1913 – “The Werewolf” de Henry Mac Fae
1915 – “The Wolf Man” de Paul Powell
1935 – “Werewolf of London” de Stuart Walker
1941 – “The Wolf Man” de George Waggner
1942 – “The Undying Monster” de John Brahm
1943 – “Frankenstein Meets the Wolf Man” de Roy William Neill
1944 – “Cry of the Werewolf” de Henry Levin
1946 – “She-Wolf of London” de Jean Yarbrough
1956 – “The Werewolf” de Fred F Sears
1957 – “I Was A Teenage Werewolf” de Gene Fowler Jr.
1959 – “Face of the Screaming Werewolf” de Gilberto Martínez Solares
1961 – “La nuit du Loup-garou – The Curse of the Werewolf” de Terence Fisher
1962 – “Lycanthropus” de Paolo Heusch
1966 – “The Wolf Man”
1967 – “Mad Monster Party”
1969 – “Blood of Dracula’s Castle” de Al Adamson
1970 – “Nympho Werewolf”
1971 – “Werewolf on Wheels” de Michel Levesque
1972 – “La Furia del Hombre Lobo” de José María Zabalza
1973 – “Werewolf of Washington” de Milton Moses Ginsberg
1974 – “Legend of the Werewolf” de Freddie Francis
1975 – “Werewolf of Woodstock” de John Moffitt
1976 – “Werewolf Woman” de Rino Di Silvestro
1980 – “The Craving de Jacinto Molina”
1981 – “Hurlemements – The Howling” de Joe Dante
1981 – “An American Werewolf in London – Le loup-garou de Londres” de John Landis
1985 – “Teen Wolf” de Rod Daniel
1987 – “Teen Wolf II” de Christopher Leicht
1989 – “Hard Rock Nightmare” de Dominick Brascia
1990 – “The Runestone” de Willard Carroll
1991 – “Hurlements VI – The Howling VI : The Freaks” de Hope Perello
1992 – “Mad at the Moon” de Martin Donovan
1995 – “Wolf” de Mike Nicols
1996 – “Bad Moon” de Eric Red
1997 – “An American Werewolf in Paris – Le Loup-garou de Paris” de Anthony Waller
1998 – “The Werewolf Reborn” de Jeff Burr
1999 – “Lycanthrope : Bloody Moon” de Bob Cook
2001 – “Brotherhood of the Wolf – Le pacte des loups” de Christopher Gans
2002 – “Underworld” de Len Wiseman
2003 – “Van Helsing” de Stephen Sommers
2004 – “Underword 2, Evolution” de Len Wiseman
2005 – “Cursed” de Wes Craven
2006 – “Werewolf in a women’s prison” de Jeff Leroy
2007 – “Skinwalkers” de James Isaac
2008 – “Animals” de Douglas Aarniokoski
2009 – “New Moon” de Chris Weitz
2010 – “The Wolfman” de Joe Johnston
2011 – “Underworld 4” de Måns Mårlind et Bjorn Stein

Mon film préféré reste sans hésitations “Le Loup-garou de Londres”, la transformation était pour l’époque (1981) assez impressionnante et la présence de Griffin Dune ajoute une note humoristique non négligeable à ce film de genre.

Les loups-garous investissent la TV

La télévision n’est pas en reste et nous a réservé son lot de séries ayant pour héros nos amis lycans.

1987 – “Werewolf” de Frank Lupo
1999 – “Le loup-garou du campus” de Chris Briggs et Peter Knight
2001 – “Wolf Lake” de John Leekley
2005 – Supernatural de Eric Kripke
2009 – True Blood d’Alan Ball
2009 – “Being Human” de Toby Whithouse
2010 – “The Gates” de Grant Scharbo et Richard Hatem
2011 – “Teen Wolf” de Jeff Davis
2011 – “Grimm” de David Greenwalt et Jim Kouf
2013 – “Hemlock Grove” de Brian McGreevy et Lee Shipman
2014 – “Bitten” de Daegan Fryklind