Le webzine avide de découvertes
© 2006-2024 SHUNRIZE.com

Solène Chan-Lam, Texture Artist

Des bancs de Supinfocom Rubika aux prestigieux studios de post-production de Peter Jackson, la Texture Artist Solène Chan-Lam a su se tailler une place de choix dans l’industrie du film, tout en prônant de belles valeurs.

Montpellier, 2009. Notre Compiégnoise débute chez Ubisoft en travaillant sur le jeu vidéo “Rabbids Go Home: A Comedy Adventure“. Avant d’intégrer le studio de post-production Cinesite à Londres en 2010, elle acquière de l’expérience dans la publicité en tant que modeler 3D chez Passion Pictures, et The Mill London. Débauchée ensuite par Moving Picture Company, où son équipe a été oscarisée pour “Le Livre de la Jungle”, et enfin par Weta Digital en Nouvelle-Zélande, elle devient experte en Texturing 3D.

Monstres (“Godzilla”, “World War Z”), extra-terrestres (“Alien : Covenant“, “Les Gardiens de la galaxie”), animaux sauvages (“Le roi Lion“, “Jumanji : Next Level”) ou encore vaisseaux (“John Carter“, “Pirates des Caraïbes : la Vengeance de Salazar”). Puisant son inspiration chez les peintres traditionnels et les Beaux-Arts, elle compte à son actif près d’une vingtaine de blockbusters. A 34 ans, Solène est temporairement de retour en France chez Fortiche Production et continue de partager en ligne sa passion aux Mastères 3D-VFX Artist de l’institut Artline.

Texture Artist, ça consiste en quoi ?

Je créé les textures de modèles 3D. Pour simplifier, c’est l’équivalent digital de peindre des couleurs sur un modèle en argile gris. Je suis spécialisée dans les créatures et personnages.

Fin 2018, tu as rejoint Weta Digital à Wellington. Raconte-nous ton premier jour.

Ayant atterri la veille, j’étais bien décalée. J’ai eu de la chance, la saison estivale commençait tandis que l’hiver débutait en Europe. J’ai donc eu deux étés de suite. C’était la première fois que je voyageais aussi loin seule mais je n’avais pas d’appréhension, j’étais simplement contente. Pour ce qui est du travail en lui-même, c’est top secret.

Les films sur lesquels tu as travaillé impliquaient certainement de nouveaux défis. Quel est le plus gros que tu as dû relever ?

Les défis artistiques et techniques des projets sont très motivants. Le plus compliqué étant le challenge humain car chaque artiste a sa façon de travailler, ses valeurs, son attitude face à une problématique. Il faut toujours s’adapter et je le prends en compte dans mon management style. Mon plus gros défi n’est pas encore venu et je pense que le futur me le garde bien au chaud. En attendant, il me donne de quoi m’échauffer 😊

Y a-t-il eu un moment où tu as eu l’impression d’avoir échoué ? Quelles qualités t’ont été essentielles jusqu’ici ?

Oui, souvent, surtout en début de carrière, lorsque la confiance en soi n’est pas stable. Travailler avec assiduité et persévérance, savoir collaborer en équipe, faire preuve d’humilité et d’honnêteté intellectuelle sont indispensables pour réussir.

Dans cette industrie majoritairement masculine, as-tu rencontré des difficultés en tant que femme ?

Si c’est plus simple qu’à mes débuts, le stéréotype selon lequel les femmes ne sont pas techniques demeure. Lorsqu’on débute, on n’est pas forcément bien armé pour comprendre sa place – ou celle que l’on nous attribue. S’il faut souvent du temps pour obtenir la confiance de ses pairs et de sa hiérarchie, c’est davantage le cas pour les femmes. Les mentalités sont en train d’évoluer mais cela varie beaucoup d’un studio, d’une équipe, d’un projet à l’autre. Face aux guerres d’ego, beaucoup de femmes s’effacent, alors qu’elles pourraient simplement prendre un chemin parallèle – c’est pour ma part ce qu’il s’est passé.

Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ?

L’adaptabilité est primordiale afin de ne pas être trop scolaire – le métier ne l’étant pas. Cela passe par de la sensibilisation, par des formations de communication et management dans les écoles et les studios.

Transmettre et faire grandir les potentiels font désormais partie de ton quotidien. Que dirais-tu à la jeune fille que tu étais ?

Ce que l’on pense être une faiblesse peut en fait être notre plus grande force. Avoir confiance en l’avenir, et se donner les moyens de faire ce que l’on aime. Ne pas hésiter à demander des retours à des professionnels, même si l’on est timide, et à appliquer leurs retours le plus tôt. Ne pas être intimidé par les gens assertifs, rester soi-même. Développer son goût, son œil, son expérience par des erreurs – c’est comme cela que l’on apprend.

Qui t’inspire ?

Les personnes qui restent elles-mêmes tout en ayant conscience des autres. Des personnes authentiquement altruistes. En fonction des situations que je rencontre, ce sera parfois un proche, un collègue ou un ami.

Où en est ton projet d’illustrations jeunesse ?

Il est en stand-by car je croule sous les projets. Mais, je me pencherai à nouveau dessus dès que possible.

Comment gères-tu le confinement ?

Je n’ai vraiment pas à me plaindre. Nourrie et logée chez mes parents, je n’ai plus à faire 2h de métro par jour pour aller travailler 😉

Copyright Photos © – Solène Chan-Lam / The Walt Disney Company / Sony Pictures / MPC et Weta Digital


💻 Solène Chan-Lam sur Internet
Son site : https://www.solenechanlam.com/
Son instagram : https://www.instagram.com/solenechanlam_art/

Total
0
Share