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Hélène Cohen-Tanugi, So.Skaia

Parisienne, mère de trois enfants, psychologue clinicienne. Passionnée par la décoration d’intérieure, Hélène Cohen-Tanugi a lancé en juin 2017 So.Skaia, une jolie ligne de meubles, textiles et accessoires aux accents indiens.

Rencontrée lors de l’évent Beauté Plurielle de mars dernier, je vous propose d’en savoir un peu plus sur cette entrepreneuse au regard sensible.

Comment passe-t-on de la psychologie clinique à la décoration d’intérieur ?

Au fil du temps. J’ai d’abord aménagé une maison de campagne, puis des appartements, et depuis quelques années un château – un beau, avec tour et dépendances -, que j’ai repensé de A à Z, du dessin de ses espaces à sa décoration. J’ai marié les matériaux : des pierres de carrières locales, du carrelage et des bois indiens, de la ferronnerie de maîtres picards, j’ai inséré des portes en bois du Rajasthan, des claustras, des sculptures de Jodhpur mais aussi des escaliers design en fer, des tapis iraniens, des meubles sur mesure et d’autres venus d’Ikea…

Comment est né SO.SKAIA ?

Lors de mes nombreux voyages, j’ai souvent été émerveillée par la grâce de certains objets, souvent simples (un bol à thé, un banc de bois d’écolier), et leur capacité à provoquer le plaisir, le bien-être. Pour certains ameublements, j’ai fait faire des pièces sur mesure. Je suis partie à la rencontre des artisans, de leur savoir, de leur patience et de leurs rythmes tout en gardant en tête les impératifs de notre monde urbain (par ex : prévoir de grandes poches et des fermetures pour nos sacs).
Je me suis dit que ce que je faisais faire pour moi je pouvais le proposer aux autres, et j’ai sauté le pas. Une partie de notre gamme est centrée sur les enfants. Il y a aussi toutes sortes de choses pour égayer son intérieur, et nous insistons pour proposer toutes nos pièces aux prix les plus attractifs.


SO.SKAIA ?

« So » comme Sonia, mon associée, et « Skaia » est un suffixe qui transforme un nom en adjectif féminin… c’est un surnom qui me reste de mes années d’étude du russe… Je trouve que ça sonne bien.

Comment fonctionne votre duo ?

Nous sommes complémentaires. Elle est une pointure dans tout ce qui est technique, a un œil infaillible et c’est une très bonne commerciale. Je suis plutôt sensitive, sensible aux formes, aux matières, aux lignes… A deux, on multiplie les compétences, on partage les risques… et dans certains endroits mieux vaut ne pas être une fille seule. Les règles, elles, sont implicites. On prépare bien en amont nos déplacements, on essaie d’être efficaces, on s’écoute et on ne laisse pas de place au non-dit. Mieux vaut des désaccords francs que des ambiguïtés. Le reste coule.




Les indispensables pour exercer ce métier ?

Qu’il s’agisse des fabricants ou des clients – et même des banquiers -, il faut avoir envie de rencontrer les gens, de les écouter, de partager. Il faut bien évaluer les risques, rester centré sur son cœur de métier, être humble et réaliste – ne pas hésiter à faire appel aux compétences qu’on n’a pas (comptables, juridiques etc…), sinon c’est la noyade assurée.
La formation : d’abord celle de l’œil, de l’oreille, du sourire. Et puis aussi savoir utiliser les réseaux, faire vivre sa marque, renouveler son catalogue.
Nous sommes encore une petite marque, mais nous avons anticipé l’obstacle majeur de toute jeune entreprise : nous sommes patientes, nous ne cherchons pas à inonder le marché ou à sacrifier sur la qualité des produits, nous avons un business plan carré… Et nous sommes prêtes à avoir tort s’il le faut : c’est le consommateur qui a raison, nous nous adapterons à lui.

Quest-ce qui te plait le plus ? Qu’as-tu appris ?

J’aime d’abord les promesses du voyage. Depuis les feuilles de papier où s’annonce la route jusqu’au bruit métallique des passerelles des avions.
Je ne choisis jamais d’objet qui ne me ferait pas plaisir à moi. Je me dis : est-ce que j’aimerais qu’on me l’offre ? Je vois le monde comme une caverne d’Ali Baba…
Ma principale leçon jusqu’ici : il ne faut compter que sur soi et un nombre très infime de personnes.




Vanessa du blog Exochic portant le sac seau Holi

Que faites-vous pour limiter l’impact environnemental de vos produits ?

Nous essayons d’intégrer systématiquement les aspects environnementaux dès la conception et le développement des produits et, surtout en Inde, à marquer nos exigences sociales et économiques dans leur fabrication. Nos textiles sont d’origine végétale, traitées avec des colorants naturels. Nous tentons, par exemple, de sensibiliser nos partenaires à la Better Cotton Initiative qui vise à réduire les quantités d’eau utilisées lors de la culture du coton notamment en  contrôlant l’irrigation. C’est une approche personnelle, de longue haleine, mais indispensable.

L’argument d’une pièce So.Skaia face à un produit standardisé ?

Son originalité, son caractère unique, la connaissance de sa méthode de fabrication. Je connais l’artisan, sa maison, sa famille, je peux sourcer exactement les produits. Notre circuit est très court, sans intermédiaire. Nous pouvons ainsi faire remonter très vite les observations de nos clients pour adapter notre offre.


Niveau processus créatif, comment ça se passe ?

Il n’y a pas de règles absolues. Je feuillette des magazines, je me promène sur le net, je furète dans les magasins. Et puis, je découvre des matériaux, des façons de faire, des usages.
Mais il est vrai que l’Inde est une source d’inspiration infinie, où tout se joue et s’expose dans la rue. Le riz cuit, les graines de sésame, les fruits, les racines, les plantes médicinales, l’eau, les armes, le poisson, le sel, le bétail, le thé… tout à ses bruits, ses odeurs, ses cris et ses couleurs – les étoffes rouges des nobles guerriers pour la joie et l’amour, orange pour l’optimisme, bleues pour la vitalité, vertes pour l’harmonie, etc…
J’adore ce pays, que j’ai sillonné en train du nord au sud, pour ses paysages aux ombres pures, ses trouées de lumière, la délicatesse de son architecture et la finesse  géométrique de son art. C’est mon attraction première.
Le temps de maturation, lui, peut être long (trois, six mois), et celui de fabrication aléatoire… Sonia dessine précisément ce qu’on veut et elle est très claire sur les spécifications techniques. Cette rigueur nous aide d’autant plus que des fois les fabricants sont, disons, distraits…

La pièce dont tu es la plus fière ?

Les couvertures pour bébés : elles sont douces, jolies, on ne les trouve nulle part ailleurs, et elles ont rencontré leur clientèle. Faites des enfants 😆



Et pour la suite ?

On a la foi, on a confiance, on en veut toujours plus ! Je vois So.Skaia trouver sa place, devenir une marque de référence dans sa niche (« choses atypiques, jolies, sympas, bien trouvées, pas chères et qu’on a envie d’offrir ») sans perdre son état d’esprit et ses valeurs de transmission.

Tes adresses parisiennes favorites ?

Pour manger sain et gourmand le Braisenville, dans mon quartier du 9e, pour la déco Rickshaw, pour le fun le Réservoir et ses 1001 nuits, pour ses écrans et son brunch la Gaîté lyrique, et en toutes circonstances Mariage Frères – les meilleurs thés du monde se cachent là-bas.

Un dernier mot ?

Une pensée de sœur pour toutes les femmes indiennes qu’on voit partout, tout le temps, en action, jamais au repos, et qui font contre vents et marées avancer ce continent.


🛒 So.Skaia
E-shop : www.soskaia.com
2, rue Turgot, Paris 9e
Sur rendez-vous au 06 51 82 14 58
Pop-up store : Passage du Grand Cerf, Paris 2e
Exposition régulière,

2 comments

  1. Quelle jolie découverte ! Moi qui adore ce genre de petites marques attentives à ses artisans et à leurs savoirs, je suis ravie de découvrir celle-ci ! Merci ! 🙂

    1. Hello Jennifer,
      Merci, je suis ravie que cela t’ai plu 🙂
      Je ne te cache pas que je craque pour pas mal de leurs produits 😉
      Très belle journée à toi.

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