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critique une femme de tête de Netflix

Netflix | Une femme de Tête – Critique

Envie d’une comédie romantique sortant des sentiers battus ? Essaies-donc NAPPILY EVER AFTER (Une femme de tête en VF) disponible actuellement sur Netflix. Mis en scène par Haifaa Al Mansour (WADJDA et MARY SHELLEY), elle s’inspire du best-seller éponyme de Trisha R. Thomas.

Ici, la réalisatrice saoudienne dresse encore une fois le portrait d’une femme qui va prendre le contrôle de son destin. On y découvre Violet Jones (Sanna Lathan, INSAISISSABLES 2), une afro-américaine qui mène une existence apparemment idéale. Avec son physique attractif, sa situation financière confortable et son petit-ami médecin hyper gaulé (Ricky Whittle, AMERICAN GODS), elle n’a vraiment pas de quoi se plaindre. Et pourtant, c’est cette vie parfaite qui va la conduire au bord du gouffre. De ses cheveux lissés au comportement sans aspérités qu’elle adopte au quotidien, elle n’a jamais su ce qu’était être soi-même. Jusqu’au jour où elle opère par accident un changement capillaire radical.

POURQUOI CE FILM ME TOUCHE-T-IL ?

A l’instar du documentaire de Chris Rock, GOOD HAIR, il dénonce l’influence des standards de beauté et leurs conséquences sur les femmes noires. Et même si de nos jours davantage de femmes embrassent leur beauté naturelle, il reste encore beaucoup de chemin à faire.

Ça ne saute pas aux yeux mais ma mère était noire. Pourtant, aussi loin que je m’en souvienne, je ne l’ai jamais vu avec ses cheveux crépus. Entre le peigne chauffé sur la gazinière, les crèmes toxiques shoppées à Château-rouge et les tissages pourvoyeurs de migraines, elle faisait tout pour correspondre aux canons de la beauté présentés dans les médias. Jusqu’à sa mort, elle est d’ailleurs restée prisonnière de ces stupides diktats.

A travers le personnage de Zoé (Daria Johns) et celui de la mère de Violet (Lynn Whitfield, GREENLEAF), on entrevoit également la part de responsabilités des parents quant à la perception que nous avons de nous-même. Cela m’a alors rappelé qu’une bonne partie de ma vie, j’ai été esclave de mes cheveux. Petite, ces derniers étaient bouclés et volumineux. Ma mère optait pour des nattes afin de les «discipliner», tandis que mon père pestait sur leur démêlage chronophage et les frisottis dus au brossage. Faute d’une routine capillaire adaptée, on se moquait de moi quand je les lâchais au collège : «T’as pas eu le temps de te coiffer ?», «t’as la touffe de Tina Turner !», «on dirait une sorcière !»… Quant aux salons de coiffure, ils estimaient qu’il me fallait absolument un brushing pour obtenir une coiffure parfaite.

Complexée par leur nature, mes cheveux étaient constamment attachés ou lissés. Faire preuve d’autodérision entre deux lissages, lutter devant le miroir, les enduire de produits chimiques, craindre l’humidité, perdre mes cheveux, les voir ressembler à du foin, avoir honte d’eux… Tout comme notre héroïne, ce n’est qu’à 40 ans que j’ai décidé d’en finir avec tout ce cirque et d’apprendre à m’émanciper enfin du regard des autres.

UN BOOSTER D’EGO !

NAPPILY EVER AFTER ne se résume pas à une simple histoire de cheveux. Célébrant l’acceptation de soi, ce métrage n’a pas pour vocation de culpabiliser les femmes noires qui ne laissent pas leurs cheveux au naturel. Résolument universel, il démontre que beaucoup de femmes se conforment malgré elles aux normes sociétales et qu’il faut un immense courage pour s’en extirper. A l’heure où l’on ne vit qu’à travers son reflet numérique et où l’individu doit être constamment dans l’excellence, il rappelle combien il est important d’écouter sa propre voix.

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