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Anna Marmiesse réalisatrice Lorraine ne sait pas chanter

Anna Marmiesse connaît la chanson

Comment vivre dans une comédie musicale lorsqu’on est incapable de sortir la moindre note ? Lectrice de scénarios, critique de cinéma et même chanteuse à ses heures perdues, Anna Marmiesse s’est penchée avec humour sur cette singulière question en signant LORRAINE NE SAIT PAS CHANTER.

Ce premier court-métrage très réussi démontre à l’instar du record établi par LA LA LAND lors des derniers Golden Globes que le registre de la comédie musicale est loin d’être tombé en désuétude. Rencontre avec cette auteure-réalisatrice de 28 ans au talent prometteur.

LORRAINE NE SAIT PAS CHANTER est ta première réalisation. Qu’est-ce qui t’a amené à franchir enfin ce cap ?

J’avais en tête depuis très longtemps cette idée de scénario. A l’automne 2013, je me suis dit que j’allais écrire le scénario en entier pour enfin me le sortir de la tête, et voir si ça valait quelque chose. A l’arrivée, je l’ai trouvé plutôt pas mal et l’envie d’en faire un vrai film, qui était là depuis le début, m’a semblé plus concevable. J’ai contacté alors Lucile Ric, productrice chez Les Films du clan, qui a aimé le projet, et ça s’est fait très naturellement.

India Hair, une actrice nommée pour le César du meilleur espoir féminin et Quentin Bruno, un ancien candidat de THE VOICE… Comment s’est déroulé ce surprenant casting ?

C’est mon compagnon Nicolas qui a pensé le premier à India Hair, alors que j’en étais aux premières versions du scénario. Je me suis tout de suite dit que c’était la meilleure idée possible pour le personnage de Lorraine et j’ai continué à écrire avec India en tête. Ensuite, à peu près un an avant le tournage, je l’ai contactée, lui ai envoyé le scénario qui lui a plu, et voilà !
Pour le rôle de Frank, c’était compliqué car j’avais besoin d’un comédien qui soit à la fois très bon chanteur et danseur. Il faut avouer qu’en France ça ne court pas les rues. J’ai donc organisé des castings et auditionné quatre comédiens. Quentin s’est vite imposé comme « the one ». Entre India et Quentin ça s’est très bien passé, donc c’était un plaisir.

Parle-nous de l’équipe technique ?

Question piège, car je vais m’en vouloir de ne pas citer tout le monde ! J’ai rencontré quasiment tous les techniciens par l’intermédiaire de mes producteurs, qui m’ont conseillé des gens avec qui ils travaillaient régulièrement. Avec le chef opérateur Antoine Chevrier, on a réfléchi à une manière de filmer qui rende justice notamment aux numéros musicaux en privilégiant le plan-séquence.
Pour le son, le film était clairement un challenge car nous avions enregistré les musiques composées par Matthieu Truffinet en studio avant le tournage, et il a fallu les diffuser sur le plateau sans gêner l’enregistrement du son direct. On a beaucoup pensé à ça avec Bart Velay, l’ingénieur du son, et on s’en est bien sortis ! Toute l’équipe technique a été très pro, très efficace et très à l’écoute, c’était parfait pour une réalisatrice inexpérimentée comme moi.

D’un point de vue artistique, as-tu souffert de contraintes budgétaires ?

Pas vraiment, car nous avons vraiment été très bien financés. Nous avons obtenu la contribution financière du CNC, une aide de la région Bourgogne, un préachat de France 2… Donc c’était une situation plutôt confortable pour un premier court-métrage.

De nombreux réalisateurs font appel au crowdfunding pour finaliser leur projet. Est-ce envisageable pour toi ?

La question du crowdfunding ne s’est pas vraiment posée pour LORRAINE, mais il aurait pu, si nous avions eu moins de financements. Ce n’est pas quelque chose auquel je pense naturellement, mais ce mode de financement peut-être efficace pour les réalisateurs débutants, ceux qui se sentent « hors système » etc… Après, pour réussir une campagne de crowdfunding, il faut déjà avoir un réseau et savoir le mobiliser, donc ce n’est pas pour n’importe qui non plus.

Pourquoi avoir choisi une comédie musicale ? Quels sont tes films cultes ?

La comédie musicale est mon genre préféré. Il était logique pour moi de me lancer dans ce registre pour commencer, en essayant d’apporter une touche personnelle, un point de vue un peu original. Mes inspirations se situent principalement dans la comédie musicale hollywoodienne classique. Je n’en citerai qu’une : UN JOUR A NEW YORK de Gene Kelly et Stanley Donen, une merveille d’énergie et de drôlerie. Et puis, il y a bien évidemment Jacques Demy et son monde à la fois coloré et mélancolique. Si on pense à la comédie musicale au cinéma en France, c’est forcément son nom qui vient en tête. Tous ses films m’ont marquée, mais en ce qui concerne Lorraine, c’est LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT qui a exercé la plus forte influence.

Entre scénariste et réalisatrice, laquelle de ces casquettes préfères-tu ?

Intuitivement, je me sens plus à l’aise comme scénariste, derrière mon écran à inventer des histoires, à peaufiner les dialogues, à donner de la chair aux personnages. Le rôle de réalisatrice me sort davantage de ma zone de confort car je suis d’un naturel assez timide, mais c’est tellement excitant et exaltant ! Sur le plateau, tout va vite, il faut être efficace, on n’a pas le temps d’hésiter, de remettre à plus tard, ce que j’ai tendance à faire. C’était une expérience très forte pour moi, sur le plan professionnel mais aussi personnel. Et puis, je ne sais pas pour d’autres projets dans le futur, mais en tout cas pour LORRAINE, je n’avais pas du tout envie de voir mon histoire filmée par quelqu’un d’autre !

Que retiens-tu de cette première expérience ?

Je retiens d’abord ceci : un film, c’est long à faire. Il faut le savoir et ne pas se décourager. Il faut aussi être sûr d’avoir une histoire avec laquelle on a envie de vivre pendant des mois, des années. Et savoir recevoir les avis et critiques extérieures car il y en a toujours beaucoup, plus que ce qu’on voudrait.

Comment se profile l’avenir de LORRAINE NE SAIT PAS CHANTER ?

2017 commence bien puisque le film sera projeté au cinéma l’Étoile Lilas le jeudi 12 janvier lors d’une soirée courts-métrages intitulée Films Connection. Et il sera diffusé sur France 2 dans le cadre du programme Histoires Courtes. Nous attendons par ailleurs des réponses de festivals en France et à l’étranger.

Des projets ?

J’ai plusieurs idées de films, dont une autre comédie musicale, mais je préfère ne pas trop en parler pour l’instant. Je n’en suis qu’au début de l’écriture.

  • Jeudi 12 Janvier à 20h30 : Cinéma L’Étoile Lilas – Place du Maquis du Vercors 75020 Paris – Films Connection
  • Lundi 23 janvier à 01h03 : France 2 – Histoires Courtes
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