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Tanguy Pastureau

A une époque où des affiches de spectacles et de films sont retirées des murs pour ne pas froisser la sensibilité exacerbée de certains et où des chroniqueurs sont remerciés parce qu’ils ont blessé dans leur orgueil quelques personnalités, il parait difficile de se lancer dans une carrière consistant à malmener et détourner l’actualité. Pourtant, c’est celle que Tanguy Pastureau a choisi d’embrasser.

Connu pour ses chroniques sur RTL où il croque avec humour et sans concession les travers de nos contemporains, Tanguy Pastureau nous propose cette fois-ci un peu de lecture. En effet, depuis jeudi dernier, vous pouvez retrouver son impayable prose dans un ouvrage qui se penche sur les candidats de la présidentielles et sur ceux qui auraient pu y concourir. Dans 2012, le guide des présidentiables, A lire avant d’élire, découvrez ainsi Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Bayrou, Marine Le Pen, Eva Joly ou encore DSK et Jean-Louis Borloo à travers une galerie de portraits hilarante. A l’occasion de la sortie de ce guide, Shunrize a pu lui poser des questions.

La genèse de ton livre ?

C’est simple. Au tout départ, j’ai pensé être moi-même candidat à la fonction présidentielle. J’avais envie d’être locataire d’une grande maison de type F37 en bas des Champs-Élysées et de rencontrer des stars comme Madame Merkel. Puis j’ai réalisé, comme l’ont fait ensuite Jean-Pierre Chevènement ou Christine Boutin, que je n’avais pas assez de supporters autour de moi. J’ai donc jeté l’éponge, qui est tombée à côté de l’évier, ce qui a forcé mon petit personnel à bien nettoyer la cuisine. Pour autant, je reste un spécialiste du suffrage universel. J’ai notamment été élu Mister Camping, à Saint Jean de Monts, en 1991, et délégué de ma classe de 3ème, face à un type plus beau que moi. J’avais donc envie, en tant qu’expert, d’apporter mon savoir-faire aux candidats officiels, qui ont bien trop de points faibles pour prendre le pouvoir ou le garder. La classe politique étant devenue d’une nullité rare, je distille dans le Guide des Présidentiables mes conseils personnalisés à destination de chaque candidat pour lui permettre de l’emporter et de se payer une bonne tranche de luxe.

Ton guide compile notamment une série de portraits, quel est celui qui t’as donné le plus de difficulté ?

Celui qui m’a donné le plus de difficulté est le portrait de Philippe Poutou, qui parait égaré dans cette campagne, et doux comme une feuille de papier toilette non encore utilisée. On n’a pas envie de faire du mal à un type pareil, mais bien de le serrer contre soi et de lui faire des câlins, comme une femelle renard le ferait avec ses petits. J’ai donc bien des remords à l’avoir ainsi étrillé.

Tanguy Pastureau déclamant sa chronique sur l’antenne d’RTL

Les dernières anecdotes du monde politique qui t’ont fait réagir ?

Il y en a tellement qu’on ne peut plus suivre : quand Hervé Morin annonce qu’il a vécu le débarquement de Normandie, on se dit que l’homme est soit un génie comique insoupçonné, soit que l’esprit d’un pays du bocage décédé en 54 habite dans son corps (ce qui est plus confortable qu’un mobil-home). Lorsqu’Eva Joly, afin de bien montrer qu’elle s’intéresse enfin au sort des mésanges et pas seulement à celui des rapaces de la finance, enfile des lunettes vertes à la place de ses lunettes rouges, on en vient à se demander si elle s’est ou non payé le stock complet de binocles, avec toutes les couleurs, en solderie. Ce qui est bien, avec internet et cette vitesse d’emballement médiatique absurde, ce que des anecdotes, il y en a 4 par quart d’heure. Nadine Morano, par exemple, a plus fait rire la France en deux mois de présence sur Twitter que Guy Bedos sur l’ensemble de sa carrière.

Quel est ton rapport à Internet ?

Sur Twitter, je me détends, en écrivant quelques pensées sans aucune espèce d’importance. Sinon, globalement, j’aime me promener sur les sites d’info. J’ai vu, contrairement à mes contemporains, très peu de chats en train de jouer du piano ou de vidéos de bébé qui explosent de rire.

Le Labô, l’émission culturelle de France Ô où il anime une chronique

A l’évocation du licenciement de Stéphane Guillon ou de ton éviction de l’émission VOUS AUREZ LE DERNIER MOT, quel est ton ressentiment face à de tel manquement à la liberté d’expression ?

Dans  VOUS AUREZ LE DERNIER MOT, émission de Franz-Olivier Giesbert dont personne ne se souvient, j’ai fait en quatre mois seulement une chronique qui ne correspondait pas à ce que je voulais faire. J’étais donc assez soulagé que ça s’arrête. Je ne regrette rien, c’était ma première expérience télé. Pour ce qui est de la liberté d’expression, je pense sincèrement qu’on peut tout dire, en tous cas, je ne pose pas ce genre de questions. Après, que Stéphane Guillon se soit fait jeter de France Inter, c’est bien dommage, mais qu’il tourne en boucle avec cette histoire des années après, ça l’est encore plus. Il finira à la maison de retraite le nez dans son bol de bouillie à parler toute la journée aux autres pensionnaires de Hees et de Val.

Tu participes également à l’émission culturelle LE LABÔ sur France Ô.

Je fais une chronique par semaine dans cette émission culturelle de qualité. Celle-ci s’appelle MINORITÉS REPORT, et j’y brocarde les minorités, toutes les minorités : les petits, les grands, les noirs, les blancs, les arabes, les chinois, ceux qui vivent dans les îles et les handicapés. Partant du principe que nous appartenons tous à une minorité, on peut y aller. Et, tiens, puisqu’on en parlait, voilà : j’ai trouvé là une chaine et une équipe qui n’a pas froid aux yeux.

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